11801. [IDÉES POUR LA PAIX.]65-1

Voici des idées pour la paix qui se présentent à mon esprit.

On ignore si la France a promis quelque agrandissement à la reine de Hongrie, mais supposant que cela fût, il paraît qu'on pourrait la contenter, en lui donnant quelque canton en Bavière; la branche électorale qui gouverne ce pays, est sur le point de s'éteindre, ainsi cela ne causerait aucune difficulté. L'évacuation de la Saxe ne rencontrerait non plus des obstacles, en y joignant la clause que les Français évacueraient les pays prussiens sur le Rhin et en Westphalie, les Russes la Prusse, et que les Suédois s'en retournassent chez eux. S'il faut absolument un dédommagement à l'électeur de Saxe, on propose la ville d'Erfurt et son territoire, que le roi de Pologne désire et qui arrondirait ses États. Il sera plus difficile d'accommoder l'Angleterre et la France sur leurs prétentions réciproques. Si la guerre continue, l'Angleterre enlèvera la Martinique aux Français et achèvera la ruine de Pondichéry et du commerce de cette nation. La France, il est vrai, peut faire de grands efforts sur terre; mais, si l'on veut bien penser que l'Angleterre, n'ayant plus de descente à craindre sur ses côtes, peut faire passer encore 30 000 hommes en Allemagne, l'on conviendra que voilà à peu près la balance rétablie. Pour obliger donc l'Angleterre à faire une paix, la moins désavantageuse à la France, il faudrait que la France s'engage à obliger ses alliés à signer avec elle ou, en cas de déni, de leur refuser son assistance. Car quel rôle jouerait-elle? Celui de la comparse au théâtre, celui de contribuer à la grandeur de ses véritables ennemis. Cela n'est pas un rôle brillant et convenable pour une aussi grande puissance; ainsi, en envisageant tout ceci avec impartialité, il semble que, pour tirer l'Europe de la situation fâcheuse où la bizarrerie de conjonctures l'a jetée, un ministre sage et éclairé, comme celui de France, pourrait, sans déroger à la gloire de son maître, travailler sur ce plan simple et raisonnable. Le prétexte de la garantie de la Paix de Westphalie serait à l'abri du qu'en dira-t-on, et le roi de France jouirait de la gloire d'avoir pacifié l'Europe — gloire préférable aux plus brillants avantages de ceux qui l'ont troublée. Il serait à désirer pour le bien de l'humanité que l'on entrât sérieusement dans des vues aussi solides qu'avantageuses, et qu'un ministre dont on dit tant de bien, se fît une réputation immortelle, en mettant fin à ces discordes et ces troubles qui, en faisant encore beaucoup de malheureux,<66> en cas que la guerre dure, ne changeront cependant pas la face politique de l'Europe.

Nach der eigenhändigen Niederschrift des Königs.



65-1 Am 5. Februar wurden die „Idees“ von Eichel abschriftlich an Finckenstein übersandt. (Vergl. Nr. 11802.) Niedergeschrieben wurden sie schon vor dem 23. Januar: der erste Theil (bis „refuser son assistance“ ) bildet die Grundlage für das Postscriptum des Erlasses an Knyphausen vom 23. Januar, Nr. 11774.