11979. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Freiberg, 6 avril 1760.

Les nouvelles que je reçois se confirmant de plus en plus que les Français pourraient bien convenir avec l'Angleterre sur une paix séparée, avant même qu'ils ouvriront leur campagne, je me suis déterminé, dans ce cas-là, de rester moi-même ici auprès de mon armée en Saxe et de vous laisser en conséquence le commandement, que je vous avais destiné, de celle qui agira contre les Russes, quoiqu'avec cette différence qu'outre le régiment de hussards noirs,240-2 destiné déjà à celle-ci, et un bataillon franc, j'y joindrai d'ici encore 6 bataillons d'infanterie avec 10 escadrons de cavalerie.

Mon intention est d'ailleurs que, si vous vous trouvez parfaitement rétabli de santé, vous marchiez d'abord à Sagan, pour y être plus à portée de vous tourner avec ce corps sur Francfort ou vers la Poméranie, où les circonstances pourront l'exiger, et de vous faire joindre même là par le grand corps240-3 de l'armée en Silésie sous le général Fouqué qui appartient à celle sous vos ordres. Je vous donnerai d'ici, au surplus, encore 20 canons de douze livres de calibre.

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Les régiments en Silésie qui sont proprement destinés à l'armée sous vos ordres, sont les suivants: les bataillons de grenadiers de Buddenbrook, de Busch, d'Arnim, et de Diringshofen et Manteuffel qui joints ensemble n'en font qu'un; régiments d'infanterie Henri, vieux Stutterheim, jeune Stutterheim, Ramin autrefois Kalkstein, Thiele autrefois Ramin, Manteuffel, Queiss, jeune Brunswick, Bredow, Diericke, Hülsen, Finck, Schenckendorff, jeune Sydow et 2 bataillons de vieux Sydow garnisons. Quant à la cavalerie appartenante à ce corps, ce sont les régiments de cavalerie actuellement en Silésie, inclusivement les 10 escadrons de Rüsch d'ici; de cette cavalerie vous ne laisserez en arrière en Silésie que 5 escadrons de dragons et 5 escadrons de hussards.

Les raisons qui rendent ma présence nécessaire ici en Saxe, sont : parceque, primo, je saurais m'arranger d'autant mieux et plus promptement avec le prince Ferdinand de Brunswick et, en second lieu, pour m'arranger de ce qui sera expédient à entreprendre conformément aux conjonctures et aux événements.

Je joins ici deux routes de marche qui sauront vous servir de direction, selon que les occasions le demanderont, avec un avis que je viens de recevoir de Meissen touchant quelque remuement de l'ennemi au delà de l'Elbe.241-1 Comme j'ignore encore où ces gens en veulent, il faut attendre de savoir leur destination, pour me décider sur le parti que j'aurai à prendre.

Federic.

Nach der Ausfertigung.



240-2 Das Husarenregitnent Rüsch.

240-3 So nach dem Concept.

241-1 Ein Bericht des Lieutenants von Götzen, d. d. Meissen 5. April, demzufolge der General Beck mit einem starken Corps nach Zittau aufgebrochen sein sollte.