12087. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Au camp de Meissen, 17 mai348-2 1760.

La lettre que vous m'avez faite du 14 de ce mois, m'a été bien rendue, et c'est presqu'en même temps que je viens de recevoir une lettre de Constantinople dépêché le 12 d'avril,348-3 qui ne me donne que de bonnes nouvelles et me confirme la bonne disposition de la Porte Ottomane pour signer un traité avec moi, de sorte que je dois me persuader que les Turcs agiront bientôt en ma faveur, ce qui me fera respirer et me rendra les bras libres pour m'opposer efficacement à mes ennemis, ce qui, sans un évènement pareil, serait bien difficile, pour ne pas dire impossible de tous côtés.

Pour ce qui regarde vos idées sur votre marche, je les trouve toutà-fait bonnes;348-4 il n'y a que deux articles que je vous prie de considérer sur ceci. Primo, que, par les arrangements de magasins que les Russes prennent, je vois que leur magasin principal est à Könitz; je n'en puis juger autrement, sinon que leurs opérations principales seront ou du côté de la Poméranie ou vers la Nouvelle-Marche. S'ils avaient le dessein d'agir vers la Silésie, il faudrait qu'ils eussent déjà commencé à faire des amas de magasins de ce côté-là, dont cependant on n'a rien appris jusqu'à présent. En second lieu, je dois vous faire souvenir que, quand vous camperez auprès de Küstrin, vous aurez l'avantage de pouvoir vous porter bientôt sur Colberg; mais, dans le cas que les Russes voudraient agir en deux corps, ce que cependant je ne crois pas, et que l'un de deux voudrait longer les frontières de la Nouvelle-Marche, comme vers Züllichau, vous serez alors obligé de marcher de Küstrin pour passer la Warthe, ce que vous ne sauriez faire à aucun autre endroit qu'à Landsberg ou à Driesen; ou il faudra que vous passiez la rivière auprès de Kiistrin et que vous repassiez encore la rivière, ce que vous savez combien cela arrête et fait traîner la marche.<349> Voilà pourquoi j'abandonne à votre considération si vous ne croyez pas que le poste de Landsberg vous conviendra mieux que celui de Küstrin.

Je crois l'argent bien employé que vous avez fait payer au juif Sabatky;349-1 quand vous aurez presque employé cette somme que je vous ai fait payer à Wittenberg pour votre extraordinaire, mandez-le-moi, afin que je puisse vous faire remettre une autre somme pour cet usage.

Selon mes plus fraîches nouvelles, tout est encore tranquille ici et dans la même position que cela a été.

Vous voyez par tout ceci, mon cher frère, qu'il y a bien de haut et de bas dans nos affaires; j'ai fait tout ce qui a dépendu de moi, pour le service de l'État, il ne me reste qu'à attendre le dénoûment de tout ceci. Vous serez instruit de toutes les choses essentielles, aussitôt que j'en serai informé.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.



348-2 Vom 17. Mai ein Schreiben an die Herzogin von Gotha in den Œuvres, Bd. 18, S. 187.

348-3 Vielmehr vom 11. April. Vergl. Nr. 12088.

348-4 Prinz Heinrich hatte geschrieben, man behaupte, dass die Russen gegen Schlesien vorgehen wollten. nLe moment qu'ils passeront la Vistule, est le terme que je me suis marqué, pour me mettre en marche pour Küstrin, d'où je pourrai avancer ou me poster à droite ou à gauche.“

349-1 Vergl. S. 324.