12155. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A LONDRES.

Camp de Meissen, 10 juin 1760.

Dem Gesandten wird eine chiffrirte Abschrift des Hellenschen Berichts vom 3. Juni übersandt und ihm zugleich von der Antwort des Königs an Hellen (Nr. 12154) Mittheilung gemacht.

Je laisse à votre pénétration quel usage vous saurez faire de tout ceci auprès de M. Pitt et des autres ministres anglais. Je veux bien vous dire, quoiqu'encore en secret et pour votre direction seulement, que, pourvu que la paix avec l'Angleterre saurait se faire avec la France à mon inclusion expresse, je n'y mettrais pas d'obstacle, pour cette seule condition que la France fournît l'équivalent en argent de 24000 hommes à la reine de Hongrie, mais toujours à la condition expresse que l'Angleterre de sa part resterait entièrement la maîtresse de disposer librement de toute l'armée alliée en faveur de ses alliés en Allemagne contre les puissances ennemies qui ne voudraient pas souscrire à la paix. Voilà cependant ce que je ne vous dis [que] pour votre unique direction et afin que vous y songiez fort mûrement si, le cas existant, vous croyez qu'il serait convenable d'en faire usage ou non.

Enfin, quelle belle perspective que ces ouvertures du marquis de Grimaldi sauraient donner pour le rétablissement de la paix, je crois toujours que cela viendra trop tard et que les coups décisifs seront donnés, avant que ces propositions pourront être remises sur le tapis et ajustées. Car je ne veux point vous laisser ignorer que le général<410> autrichien Laudon est entré depuis peu avec un corps à peu près de 50000 hommes dans ma Silésie, où il menace de mettre le siège ou devant Neisse ou devant Glatz, dès que mon frère, le prince Henri, sera obligé de sortir de la Silésie pour marcher avec son armée contre l'armée russe, qui s'assemble et qui, autant qu'on en apprend, ira agir en deux corps, l'un pour assiéger Colberg et l'autre pour marcher vers Glogau. Comme je n'ai pas à présent un corps des troupes assez en force en Silésie pour l'opposer efficacement aux entreprises de Laudon, et que les susdites forteresses m'importent trop pour les laisser prendre à l'ennemi, il faut bien que je songe à les secourir à temps. C'est en conséquence que je me vois obligé de passer aux premiers jours l'Elbe, après avoir laissé suffisamment garni ici mon camp retranché et la ville de Meissen. Mais comme, en marchant vers la Silésie, je ne saurais laisser Daun avec son corps derrière moi, et que lui, de sa part, ne saura me laisser passer librement vers la Silésie, il faut bien qu'il s'engage de l'autre côté de l'Elbe une affaire entre lui et moi, soit que je le trouve sur mon chemin, soit que je tâche à l'y forcer.

De quoi j'ai bien voulu vous prévenir, afin que vous en soyez au fait-, reste à voir quels succès auront les entreprises auxquelles je me vois forcé indispensablement, et dont une quinzaine de jours nous éclaircira.

Federic.

Nach dem Concept.