12195. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A MAGDEBURG.

Radeburg, 21 juin437-1 1760.

J'ai reçu votre lettre du 17 de ce mois. Vous savez que je n'ai jamais cru qu'il y aurait à faire quelque chose avec une cour aussi faible que celle de Danemark,437-2 et je n'aurais pas pris la peine d'entrer dans quelque négociation avec cette cour au sujet de quelque acte de vigueur à entreprendre, si je n'y avais voulu condescendre par pure complaisance pour le roi d'Angleterre qui le désirait, en conséquence des lettres que le baron Münchhausen vous écrivit,437-3 quoique je crus d'abord que ce serait peine perdue; mais qu'en Danemark on ait pu penser de se procurer par là des cessions, voilà ce qui m'a extrêmement surpris, l'envisageant comme insolent. Cependant j'applaudis parfaitement au sentiment que vous me marquez à ce sujet, savoir de laisser tomber tout-à-fait et tout de suite cette affaire, sans en témoigner le moindre dépit, ni ressentiment, afin<438> d'éviter par là que cette cour mal apprise, pour ne pas connaître sespropres intérêts, ne fasse un autre faux pas, en se jetant entre les bras de nos ennemis. J'approuve aussi que vous ayez déjà répondu en conséquence au baron Münchhausen dans ce sens. Je suis fâché seulement de ce que Sa Majesté Britannique ait été entraînée par ladite cour à compromettre sa dignité, et tout ce que je crains de cette misérable affaire, c'est que les ministres danois n'aient des sentiments assez bas et traîtres, que de donner connaissance aux cours ennemies des propositions qu'on m'a, pour le dire naturellement, arrachées dans la situation où je me trouve, pour irriter contre moi le grand-duc de Russie, ce que vous tâcherez de prévenir, s'il est possible, par toutes sortes de moyens que vous croirez convenables aux circonstances et sans bassesses.

Au reste, je joins ici une briève relation438-1 de ce qui s'est passé depuis que j'ai levé mon camp de Proschwitz, dont vous ferez votre usage, en la rendant publique,438-2 après l'avoir tournée de façon à éveiller le dépit et la jalousie principalement aux Russes et aux autres alliés des Autrichiens, en leur faisant adroitement comprendre que dans toutes les occasions où il s'agissait que les Autrichiens devaient faire des efforts et marquer de la vigueur, ils savaient se ménager fort adroitement, pour laisser agir leurs alliés et leur faire tirer à leurs risques et dépens les châtaignes du feu, pour ruiner ainsi les affaires des autres, et se rendre par là les maîtres de donner le ton à tout, réservant leurs forces, pour le faire efficacement. Vous donnerez à tout ceci un tour bien adroit.

J'ai reçu des très bonnes nouvelles d'un endroit que vous devinerez facilement,438-3 elles sont arrivées, après que votre dépêche était faite.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.



437-1 Vom 21. Juni ein Schreiben an Voltaire in den Œuvres Bd. 23, S. 86 (vergl. dazu S. 461. Anm. 4) und an d'Argens, daselbst Bd. 19, S. 179.

437-2 Vergl. S. 396.

437-3 Vergl. S. 305.

438-1 Vergl. Nr. 12192.

438-2 Vergl. „Berlinische Nachrichten“ vom 26. Juni, Nr. 77.

438-3 Vergl. Nr. 12196 und Nr. 12201.