12232. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Gross-Dobritz, 29 juin 1760.

Je viens de recevoir la lettre du 26 que vous m'avez faite, et ne saurais qu'applaudir à votre résolution prise, de marcher là où l'ennemi se présentera, d'un ou d'autre côté, pour le combattre, et, s'il y a moyen, de le détruire et de lui faire tout le mal, en attendant, possible, sans trop éparpiller vos troupes, pour rester assez en force pour entreprendre une affaire de conséquence. Mais, comme Fouqué a retiré avant son malheur presque toute la garnison de Glogau, où il n'y a actuellement qu'un faible bataillon, presque pas suffisant pour faire les gardes ordinaires, je serai bien aise, et il sera indispensable, et vous y pourvoyez, en jetant au plus tôt ce qu'il faut à Glogau, avant que les Russes sauraient y arriver. J'ai donné mes ordres qu'un des bataillons que le général Ziethen a sauvés du corps de Fouqué, doit marcher à Glogau;475-1 mais, comme cela saurait trop traîner, vous aurez la bonté d'y pourvoir en attendant, pour n'avoir rien à risquer.

Je reconnais tout l'embarras où vous êtes, dans la situation où les choses sont là-bas; mais imaginez-vous toute l'étendue de l'embarras où je suis ici. Si je m'éloigne d'ici, j'expose le corps de Hülsen; si je reste, je ne saurais donner aucun secours à la Silésie, où tout ira en dessus dessous. Ainsi je suis forcé de prendre un parti. Autant que<476> je m'en rompe la tête, il est difficile d'en prendre un qui soit bon. Voilà pourquoi je serai obligé d'agir au hasard; il ne me reste aucun autre moyen. On me donne des espérances au sujet d'un secours; mais je n'en vois aucun effet, et dans la situation [pressante] où je suis, il me faut de l'effet.

Je joins ci-clos les nouvelles que je viens de recevoir de Varsovie et de Pétersbourg.476-1 J'y ajoute un blanc signé de ma main, pour en faire votre usage à l'égard de cet officier russe dont votre lettre fait mention.476-2

Quant à ce qui regarde les reconnaissances en argent à des officiers qui ont fait une action distinguée contre l'ennemi, je souhaiterais que vous fussiez plus généreux et donniez plus largement, afin de les animer et d'autres à les imiter. Si le fonds destiné à cet usage s'épuise, vous n'avez qu'à me le mander; je le rafraîchirais avec bien du plaisir.

Vous aurez de la peine à vous représenter mon embarras et ma situation! Je ne saurais faire ici que des fautes et ce qui serait, dans un autre temps, [contre] la raison et les règles de la guerre; mais je suis forcé d'agir, au hasard de ce qu'il en arrivera, et, malgré tout, je serai nécessité de voir comment je pourrais débarrasser la Silésie, s'il y a moyen de le faire encore.

Federic.

Nach der Ausfertigung.



475-1 Vergl. Nr. 12227.

476-1 Liegen nicht vor.

476-2 Der Prinz hatte, Landsberg 26. Juni, berichtet: „Le juif Sabatky est venu m'apprendre qu'un officier russe veut servir d'espion, si vous voulez donner un billet, signé de votre main, comme quoi il sera lieutenant-colonel, et qu'il recevra une pension à la paix.“