12248. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A MAGDEBURG.

Quartier général de Gruna,488-1 près de Dresde, 15 juillet488-2 1760.

Me voici devant Dresde, n'ayant pu engager Lacy à aucune affaire décisive, malgré toutes les peines que je me sois données pour l'y porter, bon gré mal gré lui; il a mieux aimé quitter ses camps les mieux retranchés et presque inaccessibles, par des retraites précipitées, et celle qu'il a faite avant-hier matin, conjointement avec l'armée de l'Empire du Plauenschen Grund vers Pirna à Gross-Sedlitz, ce qui m'a fourni l'occasion d'investir Dresde de tous côtés. Nous avons délogé l'ennemi de tous les faubourgs de Dresde, avec perte de 40 hommes morts et blessés, et fait quelques prisonniers, outre ce que l'ennemi a laissé sur la place de morts et de blessés, dont le nombre est assez considérable. Nous nous sommes établis au fossé de la ville et travaillons à la construction des batteries, pour battre en brèche. J'attends à tout moment pour cela mon artillerie pesante. Je me flatte de prendre la ville en peu de jours, à moins qu'il n'arrive de nouveaux incidents.

Secret et pour vous seul! Mais mes grands embarras ne finiront pas pour cela. Il me sera toujours avantageux d'avoir ce poste; mais ce n'est proprement que pour faire du bruit dans le monde, et pour le faire valoir vis-à-vis des Français, dont vous aurez soin, la ville de Dresde leur ayant toujours fait grande impression. Mais Daun est avec une armée de 35 000 hommes sur les frontières de la Silésie, du<489> côté de Bunzlau, dont on dit qu'il a détaché un corps de 16000 hommes pour se joindre à Lacy. Si, après la prise de Dresde, je me tourne contre Daun vers la Silésie, voilà Lacy qui restera en arrière et qui reprendra Dresde, tout comme nous le prendrons. En attendant, j'ai à appréhender que les Russes marchent sur Glogau, pour se joindre avec Laudon, ce que mon frère pourra difficilement empêcher, vu que, selon Reimer, un autre corps russe marche sur Driesen. Je ferai ce que je pourrai, et jusques à l'impossible, pour sortir de ce furieux embarras; mais, à moins qu'il ne nous vienne quelque assistance du dehors, soit des Turcs ou d'ailleurs, l'avenir ne nous présage rien de bon.

Federic.

Nach der Ausfertigung.



488-1 Südöstl. von Dresden. In der Vorlage: „Grünau“ .

488-2 Vom 15. Juli ein Schreiben an d'Argens in den Œuvres, Bd. 19, S. 185.