12291. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A MAGDEBURG.

Quartier de Leubnitz, 27 juillet 1760.

Le Ciel de Dresde ne nous a pas été aussi favorable et propice, ainsi qu'on aurait dû le supposer; ce qui m'a obligé de revenir à présent à mon premier plan, savoir de repasser l'Elbe, pour me tourner vers la Silésie. Ni l'un, ni l'autre ne peut pas se faire sans chicanes. Peutêtre aurons-nous à l'occasion du passage une affaire; mais, si ce n'est pas là, nous devons nous y attendre sûrement sur les frontières de la Silésie. Il sera difficile d'en pronostiquer quelque chose d'avantageux.

Dès que j'aurai quitté l'Elbe, je ne puis opposer à l'ennemi, en laissant le général Hülsen avec quelques troupes près de Meissen, que 35 000 hommes, au lieu que Daun, a[vec] le corps de Lacy et ce qu'il pourra attirer à soi de Beck et de Laudon, peut en avoir 70000 hommes. Cette prodigieuse disproportion serait un des moindres inconvénients, si mon armée était encore ce qu'elle a été autrefois; mais je ne saurais même me fier bien sur ce sujet-là. Il n'y a pas un moment à perdre pour marcher à Breslau, ou pour voir toute la Silésie perdue. Je n'ai rien à gagner. En attendant, je crois que le mois d'août finira cette crise-ci; mais je vous conseille de ne point vous flatter sur les événements, et de vous préparer et arranger à tout ce qui pourra arriver.

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Tous les efforts que nous avons faits pour conjurer la tempête, se sont trouvés vains et inutiles. Je n'ai rien à espérer de ce qu'on peut souhaiter, soit de la politique, soit du militaire. Il ne me reste donc que le sort des armes; mais tout ceci ne tiendra chez nous qu'à périr quatre semaines plus tôt ou quatre semaines plus tard, et, quant à cela, il me semble que le mois d'août, de septembre et d'octobre sont très égaux.

J'entre dans tous ces détails, pour que vous soyez informé de tout et que vous ne vous fassiez point d'illusions par des fausses conjectures. Je dois vous avertir, en même temps, que je ne crois pas que vous sauriez avoir de mes nouvelles sitôt, après mon passage en Lusace.

Federic.

Nach der Ausfertigung.