12292. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A MAGDEBURG.

Quartier de Leubnitz, 28 juillet 1760.

Ayant vu ce que votre lettre du 26 comprend, je conviens que vos intentions sont très bonnes et louables, pour parvenir promptement à une paix séparée avec la France, conjointement avec l'Angleterre; mais faites réflexion, je vous prie, s'il y aura moyen d'entamer et de rétablir présentement une négociation avec la France dans la situation où, malheureusement, mes affaires se trouvent actuellement, et que les Français paraissent n'y être pas encore tout-à-fait pressés. Mettez, d'ailleurs, devant vos yeux et devant votre esprit que les ouvertures pour entrer en négociation, ont été mises, l'hiver passé, de si près aux Français qu'ils n'avaient qu'à parler et s'expliquer, pour y parvenir; mais, comme ils n'ont jamais voulu le faire que d'une manière vague et tout-à-fait ambiguë, on a toute la raison de présumer, avec marque certaine, qu'ils n'ont point eu envie d'entrer dans quelque négociation à ce sujet. Si, désormais, cette envie leur prend, il ne faut pas douter qu'ils ne commenceront à en parler eux-mêmes.

De plus, vous aurez remarqué que, l'hiver passé, les Anglais, tout comme les Français, n'ont pas été pressés d'envie de venir à une pacification entre eux. Dans cette disposition des esprits qui règne apparemment encore parmi eux, ne saurait-on pas présumer que toute tentative qu'on fera pour rétablir une négociation, sera vaine ou manquera de succès : Un trop grand empressement qu'on marquera en attendant, fera toujours un mauvais effet. Un grand article, outre cela, est encore que toutes les négociations et tout ce qui pourra se faire par la plume, viendra trop tard et après temps, pour nous relever par là; et ressouvenez-vous de ce que je vous ai marqué à ce sujet par ma lettre d'hier.526-1

Federic.

Nach der Ausfertigung.

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526-1 Nr. 12291.