<107>

779. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A OLMÜTZ.

Wischau, 5 avril 1742.

A mon arrivée ici, j'ai reçu les vôtres du 3 et du 4 de ce mois. Quant au sieur de Bülow, vous pouvez lui dire, en cas qu'il ne soit pas encore parti pour Neisse, qu'il peut venir auprès de moi, mais en cas qu'il soit déjà parti, vous pouvez lui mander que, quoique j'épouserais toujours avec plaisir les intérêts du Roi son maître, néanmoins je ne croyais pas que les circonstances critiques dans lesquelles nous sommes à l'heure qu'il est, voulussent permettre de parler de changements à faire sur des choses arrêtées et conclues, et que, selon moi, il faut attendre des conjonctures plus favorables.

Je ne me fie pas aux avis que les Saxons nous donnent, et je ne puis pas me persuader que le maréchal de Belle-Isle se soit oublié de la sorte de dire nettement qu'on est obligé de mettre la main à la paix quelqu'elle puisse être avec la reine de Hongrie.1 Je crois plutôt qu'ils aiment à nous donner de l'inquiétude partout. Néanmoins, vous direz à Bülow dans des termes polis et convenables que je suis bien obligé au Roi son maître des avis qu'il me donnait, que je me doute moi-même qu'il se trame quelque chose avec la cour de Vienne, qu'il faut y avoir toutes les attentions possibles, et qu'il faut prendre entre nous, en fidèles alliés, des arrangements convenables, si tels avis devaient continuer. Vous tournerez cela d'une manière vague et générale, afin que la cour de Dresde n'en puisse faire jamais un mauvais usage auprès de nos autres alliés. Par la lettre de Hyndford qui vous a été envoyée hier, vous aurez vu qu'il va venir. Sur ce que vous me mandez des ménagements à garder avec les familles de ce pays, vous ne savez pas assez ce que c'est que la guerre, et la dépêche de Pollmann vous instruira que c'est bien autre chose, ce que les Autrichiens font en Bavière. Je suis etc.

Il y a de la malignité dans l'insinuation des Saxons; ils ont envie de faire une paix séparée, et ils veulent que je la leur propose; ce qui ne se fera pas. Hyndford arrivera, je crois, la fin de cette semaine ou le commencement de l'autre. Envoyez Biilow à Neisse, en attendant que vous signiez avec Hyndford. Si nous ne pouvons pas absolument obtenir le cercle de Königgrätz pour avoir la paix, il faudra se contenter de la Haute-Silésie, quoiqu'à regret. Car je regarde la paix comme prudente et nécessaire pour nous; ainsi je l'accepterai à quelque prix que ce soit, pourvu que j'aie des avantages. Répondez encore aujourd'hui.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.



1 Wie ein von Bülow am 4. April übergebenes Mémoire versichert. Vergl. Droysen V, 1, 417.