<132>pourqu'il ait le commandement de la Haute-Silésie, et qu'il y opère la défensive tout au mieux, tandis que j'assemble ici mes forces principales pour marcher en force droit vers Teutschbrod, Iglau et l'Autriche, car c'est la seule opération que nous puissions faire.

Touchant notre négociation, je suis de votre avis qu'il ne faut point s'empresser, mais vous pouvez bien faire sentir à Hyndford que nous sommes en état de maintenir ce que nous demandons des Autrichiens, et qu'ils n'ont qu'à voir s'ils pourront nous en chasser; que d'ailleurs, s'ils n'acceptent point les conditions qu'on leur offre, ce sera à eux à voir comment ils feront, et que l'Angleterre ne pourra trouver étrange que nous entrions aveuglément dans toutes les mesures de la France.

Touchant une cession du Königingrätz, ne pourrait-on point accorder peut-être pour une somme considérable, payable à la Reine tant qu'elle aura la guerre dans ses provinces d'Allemagne? Je payerais bien 700,000 écus par an, ce qui reviendrait au même qu'un secours, et qui ne serait pas si odieux. Mais comme la plupart de mes dépenses pour cette campagne sont faites, je m'embrasse très peu de la continuer. Tout ce que je redoute, c'est la France, et qu'elle ne nous veuille prévenir par une paix séparée.

Dans les circonstances critiques, nous n'avons à craindre que l'infidélité de nos alliés et l'enthousiasme des Anglais. Je vois bien, quoi qu'il en soit, qu'il faut avoir patience et commettre quelque chose de notre destinée au hasard.

Si les Français prospèrent en Bavière, nous viendrons peut-être, quoiqu'avec peine, à notre but; si la guerre s'allume en Flandre, nous aurons plus de peine; en un mot, toute la machine politique est dans un état si confus et si problématique que, de quel côté que l'on tourne, l'on risque de prendre un mauvais parti.

Adieu, à revoir.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


806. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BRESLAU.

Chrudim, 26 avril 1742.

Mon cher Podewils. Je suis curieux de savoir quel dessein les Anglais forment en Flandre, ce qu'ils veulent faire avec ces 16,000 hommes qu'ils y veulent envoyer, et quelle idée, en un mot, ils se font d'une diversion qu'ils peuvent opérer? Si vous le pouvez, tâchez de l'apprendre par Hyndford. Prenons 40,000 Hollandais, ajoutons-y les 16,000 Anglais et 15,000 Autrichiens, ce qui fait ensemble 71,000 hommes: croyez-vouz qu'avec ce corps l'on peut entamer la France en Flandre? Je ne saurais me le persuader. Se pourrait-il que cette armée traversât l'Allemagne? C'est ce que ne souffrira de la vie M. de