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842. AU CARDINAL DE FLEURY A ISSY.

Camp de Saint-Anne auprès de Chrudim, 14 mai 1742.

Monsieur mon Cousin. Pour éviter tout inconvénient, j'envoie à mon ministre Chambrier une réponse chiffrée à la lettre, Monsieur, que vous m'avez fait le plaisir de m'écrire. Je suis sûr que notre union mutuelle et l'attachement indissoluble que j'ai pour votre cour, confondront à jamais les faibles artifices de nos ennemis, et triompheront également que nos armes de leur austuce et de leur insolence. Je suis campé depuis hier; on dit que l'ennemi marche à moi, je vous prie de foire dire quelque messe pour que la chose arrive, et que nous finissions par un coup d'éclat une guerre qu'il n'est pas de notre intérêt de continuer. M. de Belle-Isle sera, je pense, le 22 dans mon camp; je suis persuadé que nous serons fort contents l'un de l'autre, et que vous aurez la satisfaction de voir tourner le grand ouvrage que nous avons entrepris, selon vos souhaits.

Rien ne saurait m'être plus flatteur que votre estime et votre confiance, ni rien plus agréable que les bonnes nouvelles de votre santé. Je suis avec tous les sentiments d'estime et de considération, Monsieur mon Cousin, votre fidèle ami et cousin

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.


843. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Camp de Saint-Anne près de Chrudim, 14 mai 1742.

Monsieur. Le Cardinal peut être entièrement assuré de mon amitié et de l'attachement parfait pour le Roi son maître; marque de cela, j'avais fait part à M. de Valory de ce qu'on m'a fait proposer de la part de la cour de Vienne par l'envoyé de l'Angleterre. La cour de Vienne m'a fait offrir la cession de la Haute-Silésie, la garantie de Juliers et de Bergue et encore d'autres avantages, moyennant que je veuille joindre mes troupes aux leurs pour expulser les Français de l'Allemagne, et me rendre, selon leur façon de parler,1 le libérateur de ma patrie. J'ai rejeté hautement et définitivement de pareilles propositions, comme indignes de ma gloire et trop opposées à ma façon de penser. On m'a menacé de faire une paix séparée avec l'Empereur a mon détriment: je leur ai répondu que j'étais si sûr de la bonne foi de mes alliés que je savais à quoi m'en tenir, et que ce n'était point à eux à m'en dire des nouvelles. Sur quoi ils m'ont dit que, pour donner une preuve de leur sincérité, ils voulaient bien me confier que 1a France avait envoyé un nommé Fargis2 à Vienne pour y négocier.



1 Graf Giannini schreibt an Eichel, Znaym 4. März : „On est en attente de la Proposition du Roi, qu'on regarde comme ]e vindicateur de la liberté du Saint-Empire: ce sont les termes de M. le comte Gundaccar de Starhemberg.“

2 2 Vgl. oben S. 142.