<210>les marches, pour le transport des malades et pour la vente des magasins, de même que pour l'armistice, de sorte que l'ami Valory de retour de Prague a été obligé d'avaler ce calice. Je lui ai délivré en même temps une lettre pour le Cardinal, une autre pour Belle-Isle, et comme on est obligé de faire des réquisitoriaux en Saxe pour la marche, j'ai de même écrit une lettre au roi de Pologne et une autre à l'Empereur, dont Eichel vous enverra les copies selon mes ordres.

Aucun Polichinelle ne peut imiter les contorsions de Valory; ses sourcils ont fait des zigzags, sa bouche s'est élargie, il s'est trémoussé d'une étrange façon, et tout ceci sans avoir rien de bon à me dire. Sa plus grande inquiétude roulait sur le parti que je prendrais après la paix. Je l'ai fort rassuré sur cet article; qu'il pouvait compter que jamais mes armes ne se tourneraient contre la France, ei que je remplirais de mon alliance tous les points qui étaient possibles, comme ceux qui regardent la succession de Juliers, mais qu'on ne 'devait pas demander de moi des efforts et des risques continuels, et que simplement pour avoir la paix je m'étais tiré d'affaire comme j'avais pu. J'ai même promis de lui communiquer en gros la teneur de notre traité.1

Quant à tous ces propos de Hyndford, je crains toujours deux choses : l'une, que la cour de Vienne ne nous fasse quelque anicroche à notre traité; et la seconde, que, si elle conserve la Bohême, nous n'ayons dans quatre ou cinq ans une nouvelle guerre à soutenir. Parlez-en à Hyndford, pour qu'il me tranquillise sur ces deux points.

Comme notre affaire commence à faire de l'éclat, vous pouvez dire naturellement à Bülow de quoi il s'agit, et que nous ne leur serons pas moins utiles par la négociation que nous l'avons été durant le cours de la guerre; qu'il dépend d'eux2 de se rendre à mon camp par Schweidnitz, s'il le juge à propos, mais que je compte d'être dans peu en Silésie, et de les y voir plus à mon aise et au leur.

Je souhaiterais beaucoup que les Saxons, conjointement aux Français, continuassent les opérations, ce qui materait d'autant plais la cour de Vienne et lui ferait perdre peut-être encore quelque bon morceau. Les propositions de Hyndford sont captieuses, tant sur le sujet de mes pays de Westphalie, où il me veut persuader de faire défiler des troupes, qu'au sujet de la Saxe, laquelle il veut détacher par moi de l'alliance. Je ne veux point que mes ministres agissent de concert avec les Anglais, nous ne sommes pas encore assez unis pour cela. En un mot, avant que je ne voie la paix ratifiée de la main de la Reine, je ne m'y fierai pas, et je fais marcher mes troupes de façon qu'en cas de nécessité je



1 Ueber die Unterredung des Königs mit Valory fügt Eichel in einem Schreiben an Podewils vom 19. Juni noch hinzu : „dass, wie des Königs Majestät mir die Gnade gethan zu sagen, M. Valory dahin concludiret, sein Hof werde demohnerachtet den Krieg mit aller Vigueur poussiren, zum zumalen Broglie einen Renfort von 12 Bataillons erhalten, und dann suchen den Frieden zu machen, so wie es die Événements erforderten.“ Vergl. Valory's Aufzeichnungen, Mémoires I, 284.

2 Bülow und Saul.