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Il n'y a pas la moindre apparence qu'il se doive traiter des affaires entre tous ces ministres étrangers qui sont actuellement à Aix, et si le gazetier de Cologne a mis sur votre compte que vous n'y étiez que pour épier les allures de ces ministres étrangers, il faut le laisser parler comme un menteur privilégié, et s'en moquer. Cependant, pour éviter même les apparences comme si ce misérable avait rencontré juste, mon intention est que vous ne deviez point vous mêler ni en noir ni en blanc d'aucune affaire, ni même en parler à qui que ce soit, et s'il arrivait que quelqu'un des ces ministres voulût vous parler sur des affaires, vous lui direz tout net qu'on peut croire que je connais assez mes intérêts, que des particuliers se blousent très souvent terriblement s'ils veulent pénétrer les raisons pourquoi les souverains font ou omettent quelque chose, et qu'après tout vous n'êtes instruit sur aucune affaire. Sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.


1186. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 7 septembre 1743.

J'ai vu par votre dépêche combien l'Impératrice s'intéresse pour le prince George de Holstein-Gottorp, pour qu'il ait le Tégiment de Holstein que je viens de prendre dans mon service, et les propos que le baron de Brummer a tenus là-dessus. Les arrangements que j'ai déjà faits au sujet de ce régiment, avant que d'être informé des intentions de Sa Majesté Impériale, et la considération que ledit prince a plus d'inclination pour le service de la cavalerie, sont des obstacles qui m'empêchent que je puisse me prêter à ce sujet aux désirs de l'Impératrice. Cependant, pour marquer en tout l'attention particulière que j'ai pour tout ce qui lui peut faire plaisir, je fais actuellement des arrangements pour que ce prince doive être pourvu incessamment d'un régiment de dragons, ce que vous pourriez déclarer à la cour où vous êtes, me flattant au reste que Sa Majesté Impériale en sera satisfaite.

Je viens d'être informé, d'une manière à n'en pouvoir douter, que la cour de Saxe se donne sous main et en secret beaucoup de mouvements pour faire agréer à l'Impératrice un mariage entre le grand-duc de Russie et une princesse fille du roi de Pologne. On a chargé à cette fin le baron de Gersdorf à son départ pour Pétersbourg d'un portrait de la princesse Marie-Anne, et le comte de Keyserlingk, plus dévoué aux intérêts de la cour de Dresde qu'à ceux de la Russie, et très sûrement, à ce qu'on sait, pensionnaire du roi de Pologne, travaille avec ardeur pour faire réussir ce mariage. Il est vrai que je suis averti en même temps que l'Impératrice doit être encore bien éloignée à goûter ce mariage, et que, lorsqu'on lui en a fait l'ouverture, elle se doit être excusée d'y répondre catégoriquement, sous prétexte de la grande