892. A L'EMPEREUR DES ROMAINS A FRANCFORT SUR-LE-MAIN.

Camp de Kuttenberg, 13 juin 1742

Monsieur mon. Frère et Cousin. Votre Majesté Impériale aura déjà vu par ma lettre du 10 de mois le triste état des affaires en Bohême, depuis que les deux armées autrichiennes ont pu se joindre. Je suis très mortifié de Lui mander que depuis ce temps-là Ses affaires sont allées de mal en pis, le maréchal de Broglie ayant été obligé de se replier jusque derrière la Beraun, et même de là vers Prague.

Par le peu de dispositions qu'on a faites, les affaires sont tellement empirées qu'il faut avouer que je n'y vois guère de remède, d'autant moins qu'avec la meilleure volonté du monde je me trouve hors d'état <201>de pouvoir prêter mon assistance, puisque, faute de subsistance à trouver, et par le risque de voir mes magasins ruinés d'abord que je m'en éloigne, je ne saurais point marcher vers Prague. Ainsi crois-je que dans des circonstances si embarrassantes il ne nous restera aucune autre voie pour en sortir, que celle d'un accommodement à faire, ce que je remets pourtant aux hautes lumières de Votre Majesté Impériale.

Comme je trouve la présence du maréchal de Schmettau très nécessaire ici, Votre Majesté Impériale agrèera qu'il ait l'honneur de Lui témoigner ma reconnaissance de toutes les grâces qu'Elle a eues pour lui pendant son séjour à Sa cour, et surtout je La prie d'ajouter foi aux protestations qu'il Lui fera en mon nom de l'estime, de l'amitié et de l'attachement avec lesquels je suis à jamais. Monsieur mon Frère et Cousin, de Votre Majesté Impériale le très bon et très fidèle frère et cousin

Federic.

Nach der Ausfertigung im Königl. Hausarchiv zu Berlin.