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12781. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A LONDRES.

Meissen, 1er avril 1761.

Les dépêches que vous m'avez faites du 17 et du 20 du mois de mars passé, 1 me sont bien parvenues, dont j'ai été parfaitement satisfait par les matières instructives qu'elles comprennent; il m'a été surtout agréable de savoir que les déclarations pacifiques que la cour de France a fait faire à celles de ses alliés, ont fait impression au ministère anglais, de sorte qu'il n'attend maintenant que la France ne s'ouvre envers eux à ce sujet d'une façon ou d'autre pour entrer en négociation avec elle sur la pacification générale.

Pour le reste, vous connaissez déjà mes intentions sur cet objet par ma dernière lettre du 27 mars que je vous ai faite,2 et à laquelle je vous renvoie. Mais ce qui m'embarrasse à présent pour craindre que le ministère anglais n'ait pas laissé échapper l'heure du berger, ce sont les fâcheuses nouvelles de Hesse que je viens de recevoir,3 et en conséquence desquelles le prince Ferdinand s'est vu obligé de rétrograder et de quitter la Hesse et tous les sièges qu'il avait entrepris, pour ramener son armée vers le Weser. Il m'est extrêmement douloureux de voir cette entreprise si bien projetée et commencée tout d'un coup manquée. Je ne suis pas encore instruit des détails de ce désastre, mais j'ai été depuis quelque temps déjà en peine des longueurs qu'on a employées pour exécuter cette entreprise, et de ce qu'on a lanterné trop pour prendre Cassel, par un ménagement hors de saison de l'intérieur de la ville.

Ce n'est pas sans raison que j'en crains les suites. Peut-être que ce sera un argument de plus au ministère anglais afin de [se] prêter à une négociation avec la France. Il ne faut pas douter que la cour de Vienne ne tâche de mettre à son profit le susdit fâcheux évènement pour aiguillonner les Français à continuer la guerre, elle qui, selon de bonnes lettres que j'ai de Vienne, n'a fait jusqu'à présent que faire les plus fortes représentations à la cour de Versailles pour l'aliéner de toute pacification et pour lui inspirer de hasarder au moins encore cette campagne, après que les frais en furent une fois faits, avec promesse qu'elle, de son côté, emploierait jusqu'à ses dernières forces pour soutenir la guerre.4 On m'ajoute cependant que cette cour de Vienne n'était pas



1 Eichel schreibt am 31. März dem Minister Graf Finckenstein, der König habe diese „Depêches“ noch nicht gelesen. „Der Unwillen, so der Herr Baron von Knyphausen in einer dererselben gegen des Königs Majestät bezeiget hat, machet mir viel Peine und weiss ich noch nicht, wie dieselbe solches ansehen werden.“

2 Nr. 12770.

3 Vergl. S. 296. 297.

4 Dem Gesandten Plotho schreibt der König am 1. April, es wäre ihm interessant zu erfahren, „was vor einen Operationsplan zur instehenden Campagne der wienersche Hof habe, und was solcher zu thun Vorhabens sei, auch wo eigentlich seine Absicht sei die Stärkesten Efforts in der Campagne zu thun, desgleichen, ob er solche früh oder später wie sonst zu eröffnen vermeine“ .