<347>

Pour ce qui regarde la médiation de la Russie que le prince Galizin a offerte,1 je vous avoue que je n'y entends rien, et que je ne saurais m'en former aucune idée, vu qu'il me paraît bien incongru qu'une des parties belligérantes voulût également agir en médiatrice. Si cette médiation offerte ne porte que sur les différends entre l'Angleterre et la France, je crois entrevoir alors la même incongruité, vu le grand éloignement des distances entre ce pays et celui de Russie, dont les courriers seuls, en y allant et venant, absorberaient la plupart des moments précieux et donneraient occasion à des longueurs infinies. Voilà pourquoi je crois que les ministres anglais sauront bien décliner poliment et même avec décence cette médiation, ne fût-ce que par la grande distance et par la situation des lieux.

Les différends entre le sieur Pitt et le duc de Newcastle2 ne sauraient guère m'intéresser, et pourvu qu'ils concluent tous deux à la paix et qu'on y procède promptement à la faire constater, il me sera indifférent si l'un tient pour nécessaire ce que l'autre ne qualifie que de convenable.

Quant à ce qui regarde l'article des évêchés vacants en Allemagne,3 il faut absolument qu'il y ait eu là quelque malentendu de la part des ministres de Hanovre, lesquels aussi mon ministre le comte de Finckenstein a déjà désabusés et rectifiés, et jamais mes intentions n'ont été autres à ce sujet que celles conformément aux sentiments des ministres anglais, sur quoi ils peuvent compter sûrement.

Pour ce qui concerne le landgrave de Cassel, vous devez convenir qu'il aurait été trop dangereux de heurter de front ce Prince dans la mauvaise situation où ses États se sont trouvés et se trouvent encore; ainsi pour l'adoucir et pour ne le pas faire cabrer entièrement, je n'ai su prendre aucun autre parti que de lui laisser entrevoir de l'espérance qu'on ménagerait ses intérêts à la paix, autant que les circonstances le permettraient.4

Je né saurais finir ces articles, sans vous le répéter encore que je suis tout-à-fait éloigné de concevoir la moindre jalousie sur ce que les ministres anglais voudront négocier de la paix à Londres avec un ministre français, que, tout au contraire, je crois que c'est le moyen le



1 Die Gesandten hatten am 10. April berichtet, „que le prince Galizin a offert au ministère britannique à différentes reprises .... les bons offices de sa cour pour le rétablissement de la paix“ .

2 Nach dem Berichte der Gesandten vom 7. April waren Pitt und Newcastle uneinig, „le premier désirant la paix comme convenable seulement, et l'autre comme absolument nécessaire“ .

3 Die Gesandten hatten am 7. April in betreff der durch den Tod des Churfürsten von Cöln (vergl. S. 266) erledigten Bisthümer berichtet: „Le droit de conquête autorisant certainement le roi d' Angleterre à ne point reconnaître ni admettre les sujets que le Pape pourrait nommer à ces évêchés..... on appréhende vivement que la différence qui a régné sur ce point entre les ordres précis que le ministère de Hanovre a reçus d'ici, et les lettres qui lui ont été adressées par le ministère de Votre Majesté, n'aie ébranlé le premier.“

4 Vergl. Nr. 12785.