12498. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN ET AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Meissen, 13 novembre 1760.

Après vous avoir dépêché ma lettre d'hier80-1 par un courrier, je viens de recevoir votre dépêche du 31 d'octobre, qui m'a causé bien de la satisfaction à l'égard de toutes les particularités qu'elle comprend,80-2 quoique je n'aie rien à vous répondre là-dessus, sinon de vous renvoyer à ma susdite lettre et surtout au post-scriptum que j'y ai joint de ma main propre.

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Il me vient cependant la pensée encore, que j'ai bien voulu vous communiquer à votre réflexion sérieuse et pour vous diriger en conséquence, savoir que — comme vous vous en souviendrez que la Porte Ottomane a toujours déclaré envers mon émissaire à Constantinople combien elle était prête et disposée d'entrer en toutes mesures avec moi pour m'assister efficacement contre mes ennemis, pourvu que le roi d'Angleterre daignât seulement lui marquer par un mot d'écrit qu'il verrait volontiers que la Porte entrât en de pareils engagements avec moi, ce que, selon qu'il vous est connu, les ministres d'Angleterre ont cependant décliné jusqu'à présent — voici, je. crois, à présent l'occasion la plus favorable où les ministres sauraient adroitement satisfaire au désir de la susdite Porte, sans que cela tirât en grande conséquence à l'égard d'eux, savoir que, comme le roi d'Angleterre aujourd'hui régnant notifiera à toutes les puissances de l'Europe son avènement au trône et par conséquence aussi à la Porte Ottomane, s'il n'y avait moyen de disposer les ministres anglais à ce qu'on glissât dans cette lettre de notification quelques termes relatifs à ma négociation susdite, en marquant dans cette lettre combien il serait agréable au Roi que la Porte prît des liaisons avec moi au bien de la cause commune. Voilà, à ce que je crois, ce qui suffirait à la Porte, selon toutes les assurances du Grand-Vizir, soit pour la déterminer à prendre des liaisons défensives avec moi, ou de faire au moins des ostentations par des déclarations publiques qu'elle agirait de toutes ses forces contre celles des puissances ennemies qui refuseraient d'accepter une paix raisonnable et où il serait mis pour base la possession de tous mes États tels81-1 que je les avais possédés avant la guerre présente, ce que la Porte me garantissait. Je n'ai nul lieu de douter qu'une pareille déclaration de la Porte ferait au moins une forte impression sur les puissances ennemies pour se prêter cet hiver d'autant plus aisément à une paix solide et honorable pour nous.

Il faut que vous considériez que, quand même on mènerait nos ennemis à entrer en négociation sur la paix à conclure l'hiver qui vient, qu'ils feront des propositions et des demandes si exorbitantes et si peu honorables qu'on ne les saura jamais accepter, et qu'ainsi on sera obligé de continuer la guerre. Que, dans ce cas-là, comme je me trouve seul contre trois puissances ennemies, il me sera absolument impossible de me soutenir plus longtemps contre leurs forces trop supérieures, pour ne point être accablé entièrement, à moins qu'il ne vienne quelque nouvelle assistance telle que celle de la Porte. Que ma chute entraînera sans manquer celle des États du Roi en Allemagne, qu'on ne saurait regarder, au moins présentement, que comme des provinces de l'Angleterre; ce qui renversera tout le système de l'Europe et toute la balance.

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Voilà sur quoi vous vous entretiendrez avec M. Pitt et avec les autres ministres là où il conviendra et tâcherez de les faire entrer dans mon idée.

Federic.

Nach dem Concept.



80-1 Nr. 12491.

80-2 Knyphausen und Michell hatten über die Geneigtheit Georgs III. und des englischen Ministeriums, bei dem bisherigen politischen System zu verharren, berichtet.

81-1 In der Vorlage: „telle“ .