12661. A LA REINE DE SUÈDE A STOCKHOLM.

[Leipzig,] 3 février [1761].

Je viens de recevoir des lettres différentes, de plus d'une part, qui me dépeignent pas tout-à-fait bien le caractère du colonel Pechlin en Suède,212-2 quelques-unes le traitant d'homme faux et double qui pourrait facilement faire faux bond à vous et à votre parti. Selon ces avis le sieur Pechlin doit avoir eu, pendant les dernières vacances, un entretien secret avec l'ambassadeur de France.212-3 II doit lui avoir assuré que son parti n'était pas joint à celui de la cour et que son plan visait simplement à culbuter le baron de Scheffer et deux autres sénateurs, et à mettre le Sénat sur un pied différent de celui où il était aujourd'hui.

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Qu'après avoir amplement discuté cette matière avec l'ambassadeur et après que celui[-ci] lui avait promis une forte récompense, le colonel Pechlin s'était engagé à agir de concert avec le maréchal de la Diète; que ce concert ne devait être su de personne, à l'exception du marquis d'Havrincour et du comte de Fersen. Qu'en conséquence il aurait soin de détourner toute autre vue et surtout celles qui pourraient viser à un autre changement dans le système politique de la Suède. Que les trois sénateurs seraient déplacés, mais non pas punis; qu'on ne leur substituerait que des gens approuvés par le maréchal de la Diète; que la grande députation ne se mêlerait après cela d'aucune autre affaire politique, et que, si la cour voulait pousser ses vues plus loin, le parti de Pechlin se réunirait avec celui de la France, pour la contrecarrer.

Quoiqu'il y puisse avoir de plus ou du moins dans ces rapports, ils contiennent cependant quelques circonstances qui me paraissent vraisemblables. C'est pourquoi j'ai cru, ma chère sœur, de mon devoir de vous en informer dans la dernière confidence, pour ne pas tout vous fier à des gens [qui] sauraient dissimuler avec vous, pour s'élever, après qu'ils vous auront dupée. Je vous serais même d'avis que vous borniez vos vues, pendant cette Diète, au grand but de la paix et à la déposition des principaux promoteurs de la guerre, et d'écarter avec soin tout ce qui pourrait faire naître le moindre soupçon du rétablissement de la souveraineté.

Federic.

Nach dem Concept.



212-2 Es ist derselbe Pechlin, welchen der König im Jahre 1760 nach Petersburg gesandt hatte. Vergl. Bd. XIX, 640.

212-3 Marquis d'Havrincour.