12703. AU FELD - MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Leipzig, 27 février 1761.

Je viens de recevoir la lettre que vous m'avez faite du 21 de ce mois. Je ne crois pas votre situation si mauvaise que vous la regardez. Vous avez pris à l'ennemi les magasins les plus considérables; ainsi je ne crois pas qu'il puisse revenir sur ses pas, n'ayant plus de subsistance. [Quoiqu'on ne saurait jamais bien juger des choses que lorsqu'on est sur les lieux, il me semble cependant que, dans la situation présente, c'est au maréchal de Broglie à chercher les batailles, et à vous à les éviter, parcequ'il se sauve en gagnant une bataille, et si vous l'évitez, c'est autant que de le déloger, au lieu que, si vous continuez à le tourner par ses côtés, vous le rejetterez infailliblement du côté de Giessen sur Francfort.

Quant à mes troupes, ils242-1 ont devant eux un corps des troupes des Cercles, et ils sont actuellement à Rudolstadt pour éloigner les Cercles, et préserveront votre flanc, à ne pas pouvoir se joindre aux troupes de M. de Broglie. Comme j'ai eu des lettres ultérieures pendant cet espace de chez vous, je sais déjà que le corps de Stainville a été entièrement dissipé à Vacha par Luckner, et que la garnison française a évacué Gœttingue, moyennant quoi je regarde Cassel comme une place qui est réduite à tomber entre vos mains, parcequ'il est impossible à M. de Broglie de la secourir. On assure, d'ailleurs, ici que Marburg est pris,242-2 je souhaite que la nouvelle soit véritable; ce qu'il en soit, je ne vois pas par quel moyen Broglie saurait retourner sur ses pas, n'ayant pas de magasins, vu qu'il a brûlé celui de Hersfeld, et que vous avez pris celui de Fritzlar. Ainsi, à juger en gros de votre expédition, je crois que vous éprouverez peut-être quelque obstination de la part de l'ennemi vers Ziegenhain et Marburg, mais qu'indépendamment de cela, vous vous rendrez maître de toute la Hesse, exceptez-en Giessen; et si vous parvenez à ce but, c'est à peu près tout ce qu'on peut attendre de vous. Je me flatte d'avoir bientôt de vos bonnes nouvelles.

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Tout ira bien, mon cher; continuez, comme vous avez commencé, et à la fin du mois vous serez au bout de vos travaux et d'une des plus glorieuses expéditions de cette guerre.243-1

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin. Der Zusatz ( „Tout ira etc.“ ) eigenhändig.



242-1 So.

242-2 Marburg ist nicht erobert worden.

243-1 Bei dem Schreiben des Herzogs Karl von Braunschweig, d. d. Braunschweig 26. Februar, finden sich die Weisungen für die Antwort: „Se. Königl. Majestät . . . danketen vor alle die gute Nachrichten von dem glücklichen Succès der Entreprise in Hessen, so der Herzog vermittelst seines Schreibens vom 25. dieses dem König communiciren wollen. Obschon solche Sr. Königl. Majestät auch vorhin schon bekannt geworden, so wäre es Deroselben doch sehr erfreulich gewesen, solche von dem Herzog confirmiret zu sehen. Der König dankte ihm also sehr vor die Bemühung, so er deshalb nehmen wollen, und vor die bezeugte Attention, den König von seiner, des Herzogs, Freude, so er nothwendig von dem ohnvorgleichen Betragen seines Herrn Bruders sowohl als insonderheit seines Erbprinzen haben müsste, [avertiret zu haben]. Alle Wünsche Sr. Königl. Majestät gingen auf den fernem glücklichen Success dieser so sehr importanten Affaire, und dass sonsten Se. Königl. Majestät die Gelegenheit haben möchten, die Hochachtung, auch cordiale Neigung und Freundschaft gegen den Herzog darzuthun, mit welcher Dieselbe ohnveränderlich wären etc.“