12854. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Meissen, 29 avril 1761.

Je prends trop d'intérêt à tout ce qui regarde vos affaires pour ne vous rien dissimuler de ce qui vient à ma connaissance et qui peut y avoir le moindre rapport. C'est en conséquence de quoi j'ai cru devoir vous communiquer par forme d'extrait ci-joint une lettre allemande chiffrée de notre chiffre ordinaire, que je viens de recevoir de Ratisbonne de très bonne main, écrite au 23 de ce mois.363-2 J'ajoute encore une, autre lettre écrite par le sieur de Champeaux, ministre de France à Hamburg, pour ses amis à Varsovie et à Danzig, datée du 24 d'avril. Je me réfère à ces deux extraits, quoique j'aie encore bien de la peine d'ajouter entièrement foi à ce qu'ils marquent relativement à la marche des armées de France, et que j'envisage cela en tout cas comme des démonstrations de la part de la cour de Versailles, pour presser l'Angleterre à se prêter à la négociation de paix et pour l'acheminer; j'aurais cependant cru d'agir contre mon devoir et contraire à l'amitié que je vous conserve à jamais, si je vous laissais ignorer ces avis tels qu'ils me sont venus.

Je me flatte que vous n'aurez pas oublié de faire un rapport tout naturel à la cour de Londres de votre situation présente et des suites<364> qui en sont à présumer de ce que vous aurez à vous opposer à deux armées ennemies, l'une aussi forte en nombre que l'autre, à moins qu'on ne songe sérieusement à Londres de convenir au plus tôt avec la France d'une suspension d'armes.

Federic.

P. S.

Après avoir signé ma lettre, je viens de recevoir celle que vous m'avez écrite du 28 de ce mois. Plût au Ciel que l'échec que malheureusement les Anglais ont essuyé dans leur entreprise de Belle-Isle,364-1 les rende un peu plus traitables pour une négociation solide de paix, et que ce petit avantage ne rende fière la France, pour commencer a se raidir contre. C'est toujours quelque chose que la plupart brûlé du magasin des Français à Wesel, au moins pour quelque temps. Mes vœux sont, en attendant, que la pauvre ville n'en ait pas souffert, pour être comprise dans cet incendie.

J'ignore absolument que le sieur de Jeanneret364-2 m'eût proposé depuis peu des avancements aux escadrons qui sont à votre armée, il faut que sa lettre soit perdue ou égarée. Comme Laudon est auprès de Braunau et qu'il vient d'occuper Landeshut et les montagnes aux environs,364-3 des que le général Goltz les a abandonnés pour assembler de plus prés ses troupes, je suis pressé de me rendre en Silésie et sur le point de partir. A mon arrivée là, je prendrai d'abord information si peut-être la lettre de Jeanneret est allée au régiment de Malachowski; je ferai de mon mieux pour rendre complet en officiers les escadrons, quoique j'en aurai de la peine, vu que le chef avec nombre d'officiers du régiment sont prisonniers et que, d'ailleurs, le régiment est destiné pour servir contre les Russes. Au reste, comme il ne saurait guère manquer que nous ne commencions bientôt le branle, vu l'intention que les Autrichiens ont d'envahir autant que possible de la Silésie, il ne saurait pas tarder longtemps que vous n'ayez de nos nouvelles.

Federic.

Obwohl der hiesige böhmische Gesandte364-4 von der Kaiserin als erster Gesandter auf dem Friedenscongress zu Augsburg wirklich ernennet, so bin doch dabei zugleich in sicherer Erfahrung gekommen, wie die Kaiserin sich zu solchem Schritt gezwungen gesehen, da der russische Hof ausdrücklich declariret, sich von der Alliance zu trennen, falls dem Friedensgeschäfte nicht beigetreten werden wollte; jedoch wäre von dem französischen Hofe, welcher ebenfalls dem russischen ganz nachgeben müssen, die bündigste Versicherung geschehen, die Sache mit allem Nachdruck annoch auszuführen, und wäre der feste Entschluss gefasset, die Operations fortzusetzen, um den Frieden desto eher und, wie man sich schmeichelt, desto vortheilhafter zu erhalten, zu dem Ende die am Niederrhein sich versammlende französische Armee mit dem ehesten in das Westphälische vorrücken soll, und der General Laudon wäre beordert, die Operations in Schlesien anzufangen.

Nos nouvelles sont que la suspension d'armes de deux mois dont on a parle, paraît destituée de fondement. Il ne paraît pas jusqu'à présent qu'il y ait rien de<365> semblable, et voilà un mois de passé. D'ailleurs, j'ai reçu hier une lettre de M. le maréchal de Soubise qui porte qu'il se proposait d'être rendu à son armée le 24 ou le 25 au plus tard. Ce n'est pas pour y rester oisif; il y a apparence qu'en même temps qu'il donnera de l'inquiétude à M. le prince Ferdinand, M. le maréchal de Broglie lui en donnera de son côté; an moins apprend-on que M. le maréchal a dû passer à Francfort pour concerter ses opérations avec le maréchal de Broglie.

Nous n'avons rien des Suédois; je ne crois pas que leurs réparations soient encore prêtes d'être achevées. Il se confirme que le lieu du congrès est accepté, on nomme même déjà beaucoup de plénipotentiaires. Mon fils me marque que le 14 à minuit le Roi a reçu un courrier avec la nouvelle que les Anglais,. étant descendus à Belle-Isle au nombre de 5 ou 6000 hommes par deux côtés, ils ont été repoussés; que M. de Saint-Croix, qui y commande, leur a tué 800 hommes, qu'il a fait 300 prisonniers, parmi lesquels il y a 17 officiers, les 2 commandants des colonnes; le colonel Thomas qui commandait la colonne, a été tué.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin.



363-2 Es ist ein Bericht Plothos, vergl. Nr. 12856.

364-1 Vergl. S. 348.

364-2 Oberstlieutenant im Husarenregiment Malachowski.

364-3 Vergl. S. 360. Anm. 3.

364-4 Graf Christian August von Seilern.