12863. A LA PRINCESSE AMÉLIE DE PRUSSE A MAGDEBURG.

Strehla, 3 mai 1761.

Ma chère Sœur. Votre lettre m'a servi du julep pour me fortifier contre les périls qui m'environnent. Je suis fâché de vous savoir [avoir] la fièvre. Je me flatte que ce ne sera qu'une atteinte légère d'un mal passager ni affermira votre santé.372-1

Demain nous passons l'Elbe et marchons par Gœrlitz, où nous serons le 8, pour être le 13 vis-à-vis de Laudon dans la Silésie. Veuille le Ciel que notre âme exalté ait découvert les évènements futurs, veuille le Ciel que cette paix tant désirée arrive, quand ce ne serait qu'au beau milieu de l'été! Peut-être ce mois recevrai-je encore de vos nouvelles; si les Russes s'en mêlent, notre correspondance sera interceptée dès le commencement de juillet. Dieu nous soit propice!

J'ai pris congé de mon frère Henri. Il fait au delà ce qu'il peut, je peux dire que je l'aime véritablement, et que je lui sais gré de sa bonne volonté. Je me repose sur lui; il a de l'esprit et de la capacité : deux choses bien rares à trouver et très recherchées dans les temps présents.

Adieu, mon ange. Pardonnez-moi, si je ne vous écris pas mieux, mais je suis fatigué et j'ai une grande besogne par devers moi.

Recevez avec bonté les assurances de la tendresse avec laquelle je suis, ma chère sœur, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung im Königl. Hausarchiv zu Berlin. Eigenhändig.



372-1 So.