12934. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN ET AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Kunzendorf, 4 juin 1761.

Tout ce que vous m'avez marqué par votre dépêche du 22 du mois passé de mai,437-2 m'a donné bien de la satisfaction et m'a rassuré contre bien des appréhensions par rapport aux intentions des ministres, que vous tâcherez d'y entretenir toujours. Il s'en va sans dire que vous ne manquerez pas de marquer ma parfaite reconnaissance à tous ceux qui sont si bien intentionnés envers moi, par des compliments de plus obligeants de ma part.

N'oubliez pas ce que je vous ai mandé depuis peu au sujet de M. de Bussy,437-3 ni de m'informer, dès qu'il y aura moyen, du succès de sa négociation et de la façon dont il pense à mon égard, tout comme<438> des moyens qu'il croit les plus convenables pour disposer mieux que jusqu'à présent la France envers moi, afin de ne pas agir, sans cela, si ouvertement contre ses propres intérêts les plus essentiels.

Je ne doute pas que mon ministre le comte de Finckenstein ne vous ait envoyé actuellement d'amples instructions que vous me demandez relativement à ma façon de penser sur la pacification de l'Allemagne et sur les conditions à proposer aux cours ennemies.438-1 Je suis persuadé que ces instructions contiendront tout ce que je saurais vous dire, selon la situation présente des affaires. Vous conviendrez avec moi que, tandis qu'on ne soit convenu entre l'Angleterre et la France d'une suspension d'armes générale, d'une façon à obliger, même contre leur gré, celles des puissances ennemies qui aimeront à prolonger la guerre, les affaires d'Allemagne seront toujours sujettes aux changements du jour au lendemain. Au surplus, ce serait une injustice des plus criantes que vouloir prétendre de moi des dédommagements pour la Saxe, moi qui suis, à tous égards, la partie lésée et attaquée par les brigues et les intrigues que la cour de Dresde a jouées contre moi.

J'ai ordonné à mondit ministre comte de Finckenstein438-2 [de] vous communiquer in extenso la copie du traité signé entre moi et la Porte, afin que vous soyez instruit de quoi il s'y agit. Vous observerez avec cela que, sans m'expliquer à ceux dont j'en ai parlé jusqu'à présent sur la qualité de ce traité, j'en ai fait tant de bruit qu'il m'a été possible,438-3 quoiqu'au fond le traité ne soit pas grand'chose, afin d'en faire parade et d'en donner, au moins pour quelque temps, des inquiétudes à mes ennemis. Quant aux ministres anglais, je n'ai point de réserve avec eux à ce sujet, comme à tout autre. Le comte de Finckenstein vous expliquera le reste.

Federic.

Nach dem Concept.



437-2 Vergl. Nr. 12935.

437-3 Vergl. Nr. 12898. 12905.

438-1 Vergl. Nr. 12905.

438-2 Vergl. Nr. 12935.

438-3 Vergl. S. 419.