12987. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A MAGDEBURG.

Kunzendorf, 23 juin 1761.

Je veux bien convenir de tout ce que vous me dites dans votre lettre du 18 de ce mois, mais l'évènement vous fera convenir, à votre tour, que je n'ai pas mal deviné, quand je vous ai dit qu'il n'en résultera rien de toutes ces négociations présentes de paix, et que nous serons obligés, tant que nous sommes, de continuer la campagne jusqu'au bout. Voici ma réponse au baron de Knyphausen482-1 à sa dernière dépêche, que vous lui enverrez sans perte de temps par un courrier. J'ai été frappé des propos que le sieur Pitt lui a tenus à mon sujet. Ma réponse presse d'autant plus, afin que ce ministre sache positivement où il en est, et que des sentiments aussi fâcheux ne prennent pas racines chez lui. Vous trouverez ci-joint la copie de ma réponse, pour vous servir de direction. Ce ne sont que des rubriques que vous n'oublierez pas de commenter vers mon ministre susdit.

Soli et secret. Je veux bien vous avertir, au surplus, qu'après que j'ai fait réflexion sur la position présente éparpillée de l'armée russe en Pologne, il m'a semblé qu'obligé que je suis de continuer la guerre, je pourrai tenter quelque chose sur elle. Voilà pourquoi j'ai pris le parti de renforcer le général Goltz, et le faire marcher droit sur Posen, où le général Buturlin se trouve avec à peu près 20 bataillons, ses autres corps en étant si éloignés qu'il ne saurait les tirer d'abord à lui. Si cette entreprise sera secondée par la fortune, elle rejettera Buturlin vers la Vistule, fera perdre aux Russes leurs magasins là-bas, et dérangera leur ultimatum au moins pour un temps de six semaines ou deux mois. Vous serez informé de tout ce qui se passera là-bas, mais, avant ce temps-là, il faut absolument que vous n'en parleriez à âme qui vive, pour les suites qui en résulteraient, s'il en transpirerait quelque chose avant son exécution.

Federic.

Nach der Ausfertigung.



482-1 Nr. 12986.