13133. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A MAGDEBURG.

Strehlen, 8 août 1761.

Je conviens595-3 de ce que vous dites dans votre lettre du 2 du courant au sujet de ce qui s'est passé en Angleterre; mais, entre nous soit dit et dans la dernière confidence, ne vous flattez pas trop de la pureté des intentions que le ministère anglais peut avoir eues au sujet de mes intérêts. Si la France leur avait accordé toutes les cessions qu'ils ont demandées, peut-être qu'ils auraient vacillé à mon égard, sous prétexte de l'amour de paix, et qu'ils ne sauraient faire valoir auprès de la nation la prolongation d'une guerre coûteuse qui ne regardait pas proprement l'Angleterre; mais, grâce au Ciel! après les propositions impertinentes que les Français leur ont faites,595-4 voilà, je crois, ce qui a rechauffé leurs bonnes intentions à mon égard, ce qu'il faut, cependant, que nous dissimulions tout-à-fait.

Un des points les plus importants dans le précis des articles que le sieur Stanley doit présenter au duc de Choiseul, et qui m'a causé beaucoup de satisfaction, c'est celui de l'évacuation préalable d'Ostende et de Nieuport.595-5 Ce sera la vraie pierre de touche si la cour de Vienne<596> est convenue avec la France, comme je l'ai toujours présumé, de quelques cessions dans les Pays-Bas. Si la France se prête à cette demande des Anglais, voilà les nœuds qui liaient les Français avec les Autrichiens, rompus, et ils se soucieront peu, au reste, des intérêts de la cour de Vienne. Aussi n'y feront-ils guère de difficultés, pour me remettre mes possessions de Clèves et ce qui y appartient. Mais gardez-vous bien de faire demander la garantie de la France sur ces possessions, qui nous jetterait dans des difficultés inextricables et qui même ne serait du tout de mon goût.

Quant à l'admission de l'Empereur au congrès,596-1 je ne crois pas qu'on ait lieu de s'y trop presser ...596-2

Federic.

Nach der Ausfertigung.



595-3 So nach dem Concept. In der Ausfertigung; „Je conçois“ .

595-4 Vergl. Nr. 13130.

595-5 Vergl. S. 592.

596-1 Vergl. S. 565.

596-2 Zum Schluss des Schreibens spricht der König seine Wünsche für die Besserung der Gesundheit des (durch eine französische Kugel verwundeten) Prinzen Heinrich von Braunschweig aus.