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nous que ses pays soient épuisés de monde? Voyons-nous que ses ressources de la Hongrie tarissent? Que l'on me dise qu'elle tire de grandes ressources de la Bavière, qu'on me dise que ses pays se trouvent dans un état violent: j'y consens; mais, cependant, ses provinces sont des pays de ressource, et je ne crois pas qu'elle en soit, encore à la fin; et, quand même cela serait, — ce que je suppose à faux — l'argent de l'Angleterre et ces nouvelles alliances ne la mettraient-elles pas en état, si tous les ressorts étaient arrangés, d'attaquer le roi de Prusse, la paix faite? A cela, on2 fait une mauvaise comparaison de la Suède, à laquelle Frédéric - Guillaume, roi de Prusse, prit Stettin, et qui ne recommença pas la guerre pour s'en remettre en possession. A cela je réponds que la comparaison cloche, et que le roi de Suède était abîmé après la paix faite, et que la reine de Hongrie ne l'est point, et que la puissance de Suède ne doit entrer pour rien en comparaison avec la puissance de cette Reine orgueilleuse, qui se croit outragée, et qui est ferme et vindicative.

On dit encore, et c'est pitoyable, que l'on n'a aucun exemple que la maison d'Autriche ait reconquis des pays qu'elle a perdus. Cela est faux, car elle a repris sur les Hongrois souvent des provinces qu'elle leur avait cédées. Mais quand même ce ne serait point, comment peuton conclure dans les choses casuelles et arbitraires du passé au futur? Si le sieur Bartenstein avait

qui ne sont pas raisonnables. Ils s'imagineront que le roi de Prusse sans alliances est trop faible pour s'opposer à eux avec leurs alliés; ainsi, que c'est le temps de l'attaquer pour reconquérir sur lui ce qu'ils ont perdu.

Le sieur de Podewils est comme le comte Sinzendorff, ministre de feu l'Empereur, qui pariait à Vienne que les Français ne feraient pas la guerre, dans le temps même qu'ils avaient passé le Rhin et jetaient les premières bombes à Philipsbourg.1



1 Vergl. Histoire de mon temps, Œuvres II, 5.

2 Podewils in seinem Gutachten.