1352. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRAEFFEN A FRANCFORT-SUR-LE-MAIN.

Potsdam, 5 mars 1744.

J'ai reçu, avec votre relation en date du 28 du février passé, le projet du traité de l'union confédérale qu'on vous a remis de la part de l'Empereur.

Quoique je comprenne fort bien l'utilité et même la nécessité absolue d'une pareille union, dont l'idée en gros est très bonne pour rétablir les affaires de l'Empereur et pour tranquilliser l'Empire, par une paix stable et solide, je ne saurais pourtant vous cacher que j'ai été extrêmement surpris, lorsque j'ai vu le contenu du projet, l'ayant trouvé couché d'une façon si mal pensée que ni moi ni aucun autre prince de l'Empire n'y pourra jamais souscrire.

Je ne veux point relever ici qu'on y a nommé, dans le dénombrement des contractants, le roi de Suède devant moi, qui pourtant n'y entre que comme landgrave de Hesse. Mais ce que j'ai principalement à objecter contre ce projet est

1° qu'on y a compris d'abord la France comme partie contractante, qui pourtant ne devait accéder que lorsque tout serait réglé, et lorsqu'elle pourrait donner le ton à ce traité par les opérations vigoureuses qu'elle aurait faites préalablement;

2° qu'on y a mis les margraves de Baireuth et d'Ansbach, de même que le duc de Wurtemberg, comme parties contractantes, sans être assuré de leur consentement et sans avoir pris en considération que d'un côté ils ne peuvent être d'un grand poids dans cette affaire, et de l'autre côté que la situation de leurs pays est telle qu'ils seraient d'abord envahis et abîmés par les troupes autrichiennes qui sont dans leur voisinage, aussitôt que la reine de Hongrie serait avertie des engagements qu'ils avaient pris, ce qui ne saurait guère manquer, par la com<50>munication qu'on sera obligé de faire de ce traité à tant de cours différentes ;

3° que selon l'esprit de ce traité je devrais me commettre gratuitement avec la reine de Hongrie et ses alliés, pour encourir tous les hasards et les risques que peut-être la France ne voudra pas encourir ellemême. Car il serait ridicule de vouloir soutenir que je pourrais entrer dans de pareilles mesures sans porter atteinte à ma neutralité par la paix de Breslau;

4° qu'on se découvre hors du temps sur les desseins qu'on a contre la reine de Hongrie, sans être convenu des mesures nécessaires pour les mettre en exécution avec succès, et que même les mesures qu'on indique dans ce traité sont pour la plupart impraticables.

Par toutes ces considérations donc et par d'autres encore que je ne veux pas détailler ici, mais qu'on remarque aisément quand on examine ledit projet sans prévention, je suis d'opinion qu'il faut se prendre d'une toute autre manière pour parvenir à une ligue ou union confédérale, et qu'il n'y faut aller que tout doucement et pas à pas, de la même façon que les Anglais ont agi avec la Hollande pour la faire entrer peu à peu dans leurs mesures. C'est pourquoi il ne faudra commencer que par un traité d'union confédérale entre l'Empereur, moi, le Palatin et la Hesse, conçu dans des termes tout-à-fait innocents et si généraux qu'on le puisse communiquer à tout le monde, même à la reine de Hongrie, et où il n'entre que les articles dont vous verrez le précis par la feuille ci-jointe.

Après avoir mis ce traité pour base, chacun des contractants pourra faire ses convenances par des articles secrets, et on pourra se concerter en même temps sur les mesures à prendre pour parvenir au but qu'on se propose.

En attendant, on pourra communiquer le traité principal à la Saxe et à l'électeur de Cologne, en les invitant à y accéder, et je suis persuadé que la Saxe, par la forte envie qu'elle a d'être entre les médiateurs des différends sur la succession de l'empereur Charles VI, ne refusera point d'y accéder et entrera même plus avant, si l'on lui peut faire des convenances par un article secret. De la même manière, on pourra faire accéder les autres États de l'Empire, selon les circonstances qui se présenteront.

Quant à la France, il faudra, selon moi, qu'elle n'y paraisse pas plus tôt que lorsqu'elle aura commencé actuellement ses opérations de campagne, et que ses armées agiront vigoureusement vers le Brisgau, et partout ailleurs où il faudra. Ce sera alors qu'elle accèdera, comme garante de la paix de Westphalie, au traité, pour lui donner le ton et le branle.

Voilà de quelle manière je me suis expliqué à peu près vers le comte de Seckendorff, et je suis bien persuadé que l'Empereur sera satisfait de moi, quand le comte de Seckendorff aura eu l'honneur de lui expliquer mes sentiments. En attendant, vous devez expliquer, d'une <51>manière assez claire, à l'Empereur tout ce que je viens de vous mander, et, en protestant de la sincérité de mes intentions, l'assurer que, s'il agréait mes idées sur le traité d'union, je serais prêt à le signer et à me concerter sur les mesures efficaces pour parvenir au but désiré.

Sur ce que le comte de Bünau et le sieur de Chavigny vous ont dit, que, si je voulais agréer le traité projeté, je pourrais me stipuler par un article secret tel avantage que je voudrais, je veux bien vous dire que, comme ce n'est pas proprement moi qui cherche à entrer dans de nouveaux engagements, c'est bien à eux à s'expliquer sur les avantages qu'on voudra me faire pour m'avoir dans son parti. Et comme je sais d'avance que, si notre traité parvient à sa consistance, ce sera principalement moi qui, après la France, serai obligé de mener le branle, il faut aussi absolument qu'on fasse ma convenance d'une manière proportionnée aux hasards et aux risques que j'y cours.

Quant au sieur de Chavigny, vous pouvez lui donner à entendre d'une manière convenable qu'il ne devrait point croire qu'on ne pénétrât assez le véritable but du traité qu'il venait de proposer, et que j'avais de la peine à me persuader qu'il croyait tout de bon que des gens raisonnables dussent entrer dans ce qu'il venait de proposer, sans prendre leurs précautions et sans avoir préalablement leurs sûretés. Que c'était à la France de donner ces sûretés et d'animer par ses opérations vigoureuses ceux qu'elle voudrait s'attacher; qu'il devrait savoir que je n'ignorais point les grands avantages que la France tirait de son commerce avec l'Espagne, et qu'ainsi le Roi son maître a naturellement les intérêts et l'alliance de l'Espagne bien plus à coeur que la situation et les intérêts de l'Empereur; que le ministère de France est capable, lorsqu'on lui ferait des offres pour des établissements de l'infant Don Philippe et de restituer la Bavière à l'Empereur, de quitter la partie et de planter là tous les princes bien intentionnés de l'Empire qui se seraient embarqués pour les intérêts de l'Empereur et de la France, en les abandonnant à la vengeance de la reine de Hongrie et de l'Angleterre ; que par conséquent une sage circonspection demande absolument qu'on se rassure contre de telles appréhensions par des sûretés convenables; que c'est au sieur de Chavigny de montrer les sûretés qu'il pourrait procurer pour me tranquilliser, et que ce serait alors que je pourrais entrer plus en matière. Vous ne manquerez pas de me faire votre rapport sur tout ce que dessus. Et sur cela je prie Dieu etc.

Federic.

Précis eines zu schliessenden Unionstractates.51-1

Nachdem nach Ableben weiland Ihro Kaiserl. Majestät Karl VI. sich wegen der österreichischen Erbfolge bekannter Massen grosse und <52>weit aussehende Umstände hervorgethan, wodurch nicht nur das teutsche Vaterland in viele bedauernswürdige Bedrängnisse gekommen, sondern auch die Sachen dahin gerathen, dass endlich ein völliger Verfall des Heiligen Römischen Reichs und dessen Systematis, Gesetze und Verfassung zu besorgen, als wollen des Kaisers Majestät, des Königs von Preussen Majestät, des Königs von Schweden Majestät als Landgraf zu Hessen, und des Churfürsten von Pfalz Durchlaucht, aus wohlgesinnetem und patriotischem Eifer vor das allgemeine Wohlsein des werthesten teutschen Vaterlandes und zur Befestigung des Reichssystematis nachstehenden beständigen Unionstractat feierlichst verabreden und schliessen. Und zwar

1) soll der Hauptendzweck und die vornehmste Absicht dieser conföderirten Union sein, das gesammte Heilige Römische Reich in seinen wohlhergebrachten Verfassungen, nach Massgebung des westphälischen Friedensschlusses und anderer Reichsgrundgesetze, aufrecht zu erhalten, die Ruhe und den Frieden in dem teutschen Vaterlande zu retabliren, und die Erhaltung der kaiserlichen Würde, Dignität und Macht zu mainteniren;

2) verbinden sich die Unirten bei der Königin von Ungarn52-1 anzutragen, damit selbige zuvorderst Seine jetztregierende Kaiserl. Majestät als das Oberhaupt des Reiches erkenne, und die Reichsarchive, so bis jetzo zu Wien vorenthalten worden, extradire, demnächst aber auch52-2 Sr. Kaiserl. Majestät Dero Chur-, Erbund Patriomoniallande, welche Deroselben wider die unter denen Churfürsten des Reiches ehmals errichtete Union bishero vorenthalten worden, restituire;

3) wollen die Unirten wegen der österreichischen Successionsstreitigkeiten unter sich dahin conveniren, damit diese im Reich bisher vorgewaltete Differenzien durch die gesammten Stände des Heiligen Römischen Reichs entweder in der Güte vermittelt, oder durch rechtliche Entscheidung beigeleget, inzwischen aber, und bis dahin zu gelangen, ein Waffenstillstand52-3 zwischen beiden kriegenden Theilen zu Wege gebracht werde.

4) Die unirte Conföderirten garantiren sich einer dem andern alle diejenigen Länder und Possessiones, welche sie wirklich im Besitz haben.52-4

5) Daferne jemand derer Conföderirten dieser Union halber beschweret, vergewaltthätiget oder feindlich angegriffen werden sollte, verbinden sich die sämmtlichen Conföderirten, dem beleidigten Theil sonder einigen Anstand zu Hülfe zu kommen, und mit allen Kräften zu as<53>sistiren, auch solche Assistenz so lange zu leisten, bis ihm wirkliche und vollige Indemnisation verschaffet werde.

6) Zu Beitretung dieser conföderirten Union sollen die sämmtlichen Churfürsten des Reichs, insonderheit aber das Haus Sachsen und Churköln, invitiret werden, wie denn auch andern Standen bleibet, solcher zu accediren.

Der Erlass nach der Ausfertigung. Der Précis nach dem Concept.



51-1 Der Entwurf wurde von dem Kaiser angenommen, unter Hinzufügung der unter dem Text bemerkten Modificationen, über die Klinggräffen am 17. März berichtete und die der König durch den Immediaterlass vom 24. März, unten Nr. 1366, guthiess.

52-1 Bemerkung Klinggräffens : „L'Empereur croit ne pouvoir signer une convention où il y aurait Königin von Ungarn et voudrait qu'à la place on mît: bei dem wienerischen Hofe.“

52-2 Von dem Kaiser gewünschter Zusatz: „und praeliminariter.“

52-3 Bemerkung Klinggräffen's: „Le sieur de Chavigny a demandé à l'Empereur qu'on mît: Ein Generalwaffenstillstand in Teutschland.“

52-4 Von dem Kaiser gewünschter Zusatz: „Sr. Kaiserl. Majestät Erbpatrimoniallande, obwohlen sie dermalen widerrechtlich vorenthalten werden, mit eingeschlossen.“