<123>ments lors même que je ne pourrais pas être en état de vous donner de mes nouvelles.

La grande armée des Autrichiens, à laquelle se joint le corps des Saxons renforcé de six bataillons, se rassemble à Jaromircz. Les Autrichiens forment encore un autre corps, qui pourra, à peu près, monter à 20,000 hommes et plus, auprès de Sternberg, pour couvrir la Moravie. C'est en quoi consistent leurs troupes réglées. Puis, ils ont amassé 20,000 insurgents, qui s'assemblent à Mährisch-Ostrau; puis, encore, une troupe composée de six régiments de hussards et deux régiments de cavalerie, auprès de Braunau. Ces troupes légères doivent pénétrer des deux côtés en même temps, et, selon ce que j'en puis juger, la grande armée doit marcher ou sur Schweidnitz ou du côté de Glatz.

J'oppose à tous ces divers mouvements premièrement l'assemblée de l'armée à Patschkau, où tout sera arrivé, au plus tard, entre ici et le 28. Je fais évacuer Troppau et la Haute-Silésie, à Cosel, Jägerndorf et Oppeln près; je laisse 10 bataillons à Truchses, qui commande à Schweidnitz, dont il laisse deux à Liegnitz; je renforcerai Truchses, de plus, de cinq escadrons de dragons et de vingt de hussards. Tant que les troupes légères agiront, je ne sortirai point de mon camp de Patschkau; mais lorsque la grande armée se mettra en mouvement, je marcherai et je la combattrai à coup sûr.

Pour la politique, dans ce cas épineux, il faut qu'elle agisse sur des principes conformes.

S'entend, il faut que, lorsque la réponse d'Andrié reviendra impertinente et mauvaise, que ma lettre parte d'abord pour le roi de France, que vous pressiez par vos rescrits les subsides avec chaleur, quatre millions, si vous le pouvez, et surtout que l'on nous fasse promptement une avance. Il faut, d'un autre côté, que Mardefeld presse au possible la médiation de la Russie, et que l'on se ménage cette ressource pour sortir honorablement du labyrinthe; il faut que, s'il y a quelque chose à craindre pour Berlin, que vous, revêtu de mon autorité, fassiez transporter l'argenterie à Magdebourg, comme vous le pourrez, et que les cours souveraines et les dicastères s'y rendent. Laissez, dans ce cas, l'alternative à ma famille, d'aller à Magdebourg ou Stettin.

Voilà ce que le bon sens nous prescrit dans la situation présente, qui est aussi violente que désagréable. Mon parti est tout pris; s'il s'agit à se battre, nous le ferons en désespérés : enfin, jamais crise n'a été plus grande que la mienne; il faut laisser au temps le soin de débrouiller cette fusée, et au destin, s'il y en a un, à décider de l'événement. Je me fais du mauvais sang, et le jeu que je joue est si considérable qu'il est impossible d'en voir l'issue avec sang-froid. Adieu; pour plus de sûreté écrivez-moi désormais en chiffres. Faites quelques vœux pour le secours de mon heureuse étoile. Si les Saxons mettent le pied en Silésie, que mon corps de Magdebourg mette tout à feu et à sang