<133> les mettre à la raison, il faut en attendre l'effet tranquillement. J'espère, moyennant les dispositions que j'ai faites, de pouvoir empêcher que la course des barbares aille trop loin, et de couvrir mon pays assez bien.

Je ne suis point étonné de l'embarras où vous êtes à Berlin; je risque le plus de vous tous, et je suis tranquille et préparé à tout événement. Berb'n n'est pas une ville que l'on puisse défendre, il faut l'abandonner et sauver effets et chancellerie et argenterie à Magdebourg, et les dicastères de même. Mon intention est de tomber sur les Saxons, après que leur armée et celle des Autrichiens sera entrée ici dans le pays et que nous les aurons battus. Il faut des remèdes violents aux maux violents; ou je veux conserver tout ce que j'ai, ou je veux tout perdre.

Ne voyez pas tout en noir, mon cher ami; nous avons deux ressources, dont l'une est là négociation de l'Angleterre, et l'autre est la valeur de mes troupes; prenez généreusement votre parti à tout événement, et ne marquez aucune faiblesse. Il est vrai que la trahison de la Russie, si subite et pour une raison si frivole,1 n'était pas un événement à prévoir; il est vrai que nous sommes dans une grande crise, qu'il peut nous arriver bien des malheurs; mais à cela je réponds que deux ans plus tôt ou plus tard ne valent pas la peine qu'on s'afflige d'un malheur prévu, et que, si les choses tournent en bien, notre situation deviendra plus sûre et plus affermie qu'elle ne l'a été par le passé.

Continuez à travailler sur mon plan en honnête homme, et pensez que, lorsque nous n'avons rien à nous reprocher, nous ne devons pas nous affliger des événements et des malheurs auxquels tous les hommes sont exposés.

Je pars demain pour Nieder-Pomsdorf, qui est un village proche de Patschkau, où j'établirai mon quartier général, jusqu'au temps que l'armée entrera dans les tentes.

Et s'il faut ferrailler, ne vous attendez à rien de décisif entre ici et quatre semaines.

Adieu, je crois avoir répondu sur tous les points de votre lettre; encore une fois, mettez-vous l'esprit en repos et laissez-nous faire; vous verrez que, de quelque façon que cela tourne, la fin sera à notre honneur.

Je suis votre bien fidèle ami

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



1 Am 23. April hatte Tschernyschew in Berlin eine Note übergeben, durch welche die Kaiserin von Russland die ihr angebotene Mediation ablehnte. Podewils vermuthet in seinem Bericht an den König als eines der Motive dieses Schrittes „la fatale idée de la médiation de la Porte“ (vergl. S. 128).