<164>

tenir partout une conduite uniforme et dirigée par un même esprit à l'intérêt commun.

de subsides de l'Angleterre, et l'on s'imagine de la gagner avec 200,000 roubles.

23° Quant aux opérations militaires, la France sent bien qu'il faut redoubler d'efforts, et elle est prête à entrer dans toutes les mesures que la sûreté et la gloire particulière des deux Rois et l'intérêt dn bien général de l'Empire rendront nécessaires.

23° La France est bien tard à s'apercevoir de la faiblesse de ses opérations. Il y a cinq ans que je lui prêche d'agir avec vigueur; ainsi, il ne faut s'attendre cette année à rien de plus extraordinaire que ce que nous avons vu à Linz,1 à Dettingen,2 au retour de l'Alsace du prince Charles,3 et en dernier lieu en Bavière.

24° Dans cette vue, le Roi va pousser la guerre en Flandre avec la plus grande vivacité ; mais si Sa Majesté entreprend de faire des conquêtes aux Pays-Bas, c'est bien moins dans l'intention d'augmenter ses États que dans la confiance d'opérer une diversion avantageuse au roi de Prusse, et ruineuse pour les alliés de la reine de Hongrie. Le plus grand point de jalousie pour les Anglais et les Hollandais n'est pas de voir la Silésie entre les mains du roi de Prusse, mais les Pays-Bas entre les mains du roi de France; ainsi, attaquer vivement ce pays, c'est obliger la cour de Vienne d'y renvoyer une partie des forces qu'elle occupe à la guerre de Bohême.

24° Cette diversion sera aussi utile au roi de Prusse que celle de Monomatapa. Si le roi de Prusse sortait nouvellement des petites maisons, on pourrait le persuader que la campagne de Flandre lui sera d'un grand secours; mais ni lui ni le moindre tambour de son année n'est assez fol pour le croire.

C'est attirer les plus grandes forces des ennemis contre la France et en délivrer le roi de Prusse à proportion. C'est causer aux alliés de la reine de Hongrie des dépenses immenses, qui, les épuisant, diminueront les moyens de secourir la reine de Hongrie, qu'on sait n'être pas en état de faire la guerre sans eux. Si cette Princesse refuse d'envoyer une partie de ses forces à la défense des Pays-Bas, la désunion se mettra infailliblement parmi les alliés. Les Anglais et les Hollandais se lasseront de la guerre, et rien ne pourrait arriver de plus heureux pour la cause commune.

Voilà des suppositions de femmes. Les Hollandais se lasseront de la guerre, les Anglais seront ruinés, les Autrichiens tués, n'estce pas? Que de misères!

25° Ce ne fut que par cette voie que Louis, XIV, après en avoir essayé tant d'autres, vint à bout de ses ennemis, en suscitant parmi eux la division fameuse qui termina la guerre de la succession

25° Ce Louis XIV était bien un autre homme.

Effectivement la prise de Tournai divisera les Anglais et les



1 Bd. II, 25. 27.

2 Bd. H, 380 ff.

3 Bd. III, 261 ff.