<234> inconvénients, qui ne sont pas moins dangereux. J'abandonne par ce parti la France, avec laquelle il n'y aura plus moyen de renouer, et dont je ne pourrai jamais me promettre de secours ni d'assistance. Je me remets en quelque façon à la discrétion des Anglais, je me soumets au joug cruel et dur du tyran lorrain, trop instruit par les discours des ministres anglais de la jalouse envie avec laquelle l'orgueilleux et dédaigneux monarque hanovrien envisage ma puissance pour oser me fier à ses garanties, et, en un mot, je me trouve environné d'ennemis et sans aucun allié. Il faut avouer cependant que de puissantes raisons semblent balancer celles-ci. Nous avons vu par les effets le peu d'assistance que nous tirons de l'alliance des Français, les fausses mesures du ministère, le peu de vigueur de leurs opérations, excepté celles en Flandre, l'impossibilité de l'entreprise d'en tirer des secours suffisants en argent; le prince de Conty prêt à abandonner ces bords-ci du Rhin, l'élection du duc de Lorraine comme une chose presque assurée, l'Empire préparé à se déclarer le moment d'après, et, par tant d'événements contraires, notre situation mise dans un état plus scabreux et plus incertain que jamais; et quoique toute paix particulière ne puisse être regardée que comme un mauvais palliatif, on peut la regarder cependant, faite sous la garantie des Puissances maritimes et de l'Empire, comme une trêve qui nous laisse le temps de respirer et qui éloigne pour quelques années l'orage qui allait éclater sur notre tête.

Examinons à présent tous les événements heureux qui peuvent nous arriver; il n'y en a point à espérer de la part du prince de Conty, mais si le roi de France soutient ses prospérités en Flandre, il pourra peut-être détacher la Hollande de la grande alliance; ceci serait beaucoup, si la maison d'Autriche ne gagnait pas par l'élection du Grand-Duc tout l'Empire pour remplacer les Hollandais.

Les nouvelles d'Italie sont les plus favorables; le roi de Sardaigne menace, si on le laisse dénué des secours qui lui sont dus par le traité de Worms; mais suivons pour un moment la conduite du nrinistère de Vienne. On verra qu'il emploie toujours ses forces successivement, et qu'il parait quelquefois négliger une partie pour redoubler ses efforts du côté où il veut se procurer une supériorité certaine, ou après avoir mis fin à la guerre qu'ils ont avec moi d'une façon ou d'autre, ou bien après avoir engage l'Empire dans la guerre qu'ils méditent de lui faire déclarer à la France. Jugez donc bien que tout ce qui peut arriver de changement en bien ou en mal, n'influe en rien pour me rendre le poids de la guerre plus facile à porter, et qu'il est plutôt à craindre que des événements fâcheux ne m'obligent à y succomber.

Voilà un tableau bien vrai et bien exact de la situation actuelle de notre politique. Vous pensez : le tableau est juste, mais il faut conclure. Voici donc ce que je pense. H faut attendre la réponse de Dresde, et l'on peut faire en même temps les propositions suivantes au roi d'Angleterre, sous la condition indiquée par votre neveu, s'entend