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2055. AU LIEUTENANT-GÉNÉRAL COMTE DE ROTHENBURG A BERLIN.

[Potsdam], ce 8 [novembre 1745].

Mon cher Rothenburg. Comme je serai mercredi à Berlin, je me réserve à vous parler alors sur le sujet de Darget,1 et nous verrons ce qu'il y aura à faire. Tout le monde regrette que la petite Pandoure n'est pas morte dans sa vocation, et chacun exprime cette pensée avec les mêmes termes; ainsi il faut que la réflexion soit vraie et naturelle.

Le cardinal Tencin négocie, à ce que l'on me mande, avec le marquis de Stainville, le système de l'Europe s'embrouille journellement davantage, Dieu sait ce que nous deviendrons, et si après la campagne du printemps prochain nous ne prendrons pas la route d'Avignon.2 Adieu, le Ciel vous conserve; ce sont les vœux de

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


2056. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE EICHEL A POTSDAM.

[Potsdam, 8 novembre 1745].

Lettre à Mardefeld: Je m'étonne beaucoup que vous entriez dans un si grand détail sur les affaires de l'Empire, et que vous passiez si légèrement sur la marche des troupes russiennes, qui m'intéresse beaucoup, et que je ne puis apprendre que par votre canal.

Vous faites bien de témoigner de la fermeté et de la sécurité; vous devez même insinuer à Bestushew que nous savons à quoi nous en tenir par la convention d'Hanovre, et que, si la Saxe ne voulait pas prêter les mains à cette convention, le roi d'Angleterre aurait les moyens à les y obliger. Que j'avais fait jusqu'ici tout ce que j'ai pu pour vivre en bonne intelligence avec l'Impératrice russienne, mais que, si contre toute raison elle veut fournir des secours à mes ennemis, pour envahir la Silésie, il faudra bien que je m'en console, et que je trouverai plus d'amis qu'on ne le pense; en un mot, il faut tenir ce langage sans aigreur, mais avec fermeté, et m'avertir fort exactement des mouvements que feront ces troupes.

A Andrié: Lui communiquer les nouvelles de Russie, et lui ordonner de solliciter Harrington pour que Hyndford tire à la même corde avec Mardefeld. Il faut ajouter que le temps était venu de prendre des mesures pour la campagne prochaine, et que, si une fois j'en avais fait la dépense, je ne me prêterais plus à rien, ainsi que, si dans le cours de ce mois l'Angleterre ne parvenait à rien, je regarderais toute leur négociation comme échouée; qu'il me revenait de tous les côtés que la cour de Vienne était résolue de ne se prêter à aucun



1 Secretär des Marquis Valory, mit welchem wegen Uebertrittes in den Dienst des Königs verhandelt wurde.

2 Asyl der vertriebenen Stuarts.