<46> s'était perpétuée de temps immémorial dans la maison d'Hanovre contre celle de Prusse, et avait su tellement aliéner les esprits, de part et d'autre, que j'avais peine à m'imaginer qu'il pût jamais résulter quelque chose de bon pour mes intérêts de la part de toutes les cours où les sentiments du ministère d'Hanovre prévalaient, aussi longtemps que ces chicaneries dureraient entre les deux maisons électorales; qu'ayant été donc sur le point de conclure mon traité d'alliance avec le roi d'Angleterre, j'avais averti le lord Carteret de tous ces petits différends, en lui témoignant l'envie que j'avais de vouloir régler amiablement toutes ces petites affaires, afin qu'il ne restât plus aucun sujet de jalousie entre ces deux maisons. Mais milord Carteret, au lieu d'y travailler tout de bon, tâcha à m'endormir par les promesses les plus fortes que le tout serait réglé, sans que, malgré mes fréquentes sollicitations, il en ait jamais été plus question depuis.
En effet milord Chesterfield devait considérer lui-même quelles impressions ont dû faire sur moi
1° Toutes les fourberies que le lord Carteret avait prodiguées si amplement contre moi dans la négociation de Hanau, après m'avoir fait faire les protestations les plus fortes que jamais la paix d'Allemagne se traiterait sans moi, et qu'on n'en voulait ni à la dignité de l'Empereur, ni à ses pays héréditaires;
2° Le dédain et le mépris marqués avec lesquels le roi d'Angleterre avait traité mon ministre, le comte de Finck, dans le temps de ces négociations ;
3° La façon peu convenable, et indécente même, dont le lord Carteret s'était expliqué dans ce temps-là sur mon sujet envers mon susdit ministre, et envers d'autres ministres étrangers que je ne veux pas nommer par discrétion, ayant fait entendre au premier, sur mes pressantes sollicitations en faveur de l'Empereur, que celui qui n'avait pas de quoi soutenir une dignité, devait s'en dépouiller; et à d'autres, qu'il savait comment il fallait s'y prendre pour me mener et pour me brider;1
4° La réponse qu'il donna à mon ministre sur les dernières propositions de l'Empereur, auxquelles, selon lui, la cour de Vienne devait avoir répondu qu'elle ne trouvait pas encore de sa convenance de faire sa paix avec l'Empereur, quoique celle-ci niât après cela, comme meurtre, que jamais milord Carteret lui eût communiqué ces propositions de l'Empereur;2 enfin
5° Le traité de Worms, que je devais regarder comme de raison sur le pied du dénouement d'une scène qui devait me faire faire des réflexions bien sérieuses; que je priais milord Chesterfield de lire avec
1 Nach Finckensteins Bericht, Hanau 20. August 1743, hat Carteret gegen den baierischen Gesandten Haslang geäussert: „Qu'il savait le ton sur lequel il fallait prendre Votre Majesté, et qu'il était sûr qu'Elle ne quitterait pas la neutralité.“ Ueber die hanauer Verhandlungen im allgemeinen vergl. Bd. II, 381 ff.
2 Vergl. Bd. II, 466.