<89> conseils qu'une souveraine si respectable que celle de la Russie lui avait donnés ; que dans ce cas-là, je serais même obligé de réclamer l'assistance et les secours que la souveraine de Russie m'avait promis par les traités d'alliance qu'il y a entre nous, et que vous avez même ordre de demander aux ministres russiens une réponse positive et catégorique sur le secours promis dans nos traités que j'avais à attendre alors de la part de leur souveraine; ce dont j'attends votre relation au plus tôt possible, m'étant impossible de rester plus longtemps dans un état d'incertitude sur cet article-là, pendant que la Saxe s'apprête à me faire impunément, à ce qu'elle croit, tout le tort possible.

Quant à la médiation de la Russie, vous aurez vu, par toutes mes dépêches qui vous seront parvenues depuis, que je ne la refuse point et que je mets plutôt toute ma confiance dans l'Impératrice, qu'elle voudra agir dans cette affaire vers moi comme à son plus naturel et plus affidé allié, en n'agissant point contre mes intérêts et en ne chargeant pas de cette affaire des personnes dont tout le monde savait jusqu'à quel point elles étaient prévenues contre moi. Et comme je sais de quelle utilité il me sera de gagner les deux ministres russiens pour mes intérêts par quelque reconnaissance réelle, je veux bien vous dire pour votre instruction, et vous autoriser même par la présente d'en faire un usage convenable, que, si par la médiation de la Russie et par le savoir-faire de ses ministres je puis obtenir cette partie des montagnes qui a servi aux Autrichiens pour débouchés pour entrer dans mon pays, comme Trautenau, Braunau, Nachod, Neustadt, Jaromircz et Grulich, sur les frontières de la Bohême, et outre cela le reste de la Haute-Silésie avec les petites enclavures de la Moravie, c'est-à-dire le petit district de Hotzenplotz — que je donnerais alors à chacun des deux ministres russiens une reconnaissance de 100,000 écus; que, si cet objet paraissait trop grand aux ministres russiens et qu'ils ne voudraient me procurer que le reste de la Haute-Silésie avec les susdites enclavures de la Moravie, je le reconnaîtrais alors envers chacun d'eux par une somme de 80,000 écus; et que, si par leur savoir-faire ils savaient diriger les affaires de manière que je ne sois point obligé à satisfaire les Saxons par rapport aux frais prétendus des marches que mes troupes ont été obligées de faire par la Saxe, je leur tiendrais compte de ce service qu'ils me rendront, d'une somme de 50,000 écus.

Vous voilà instruit de mes intentions sur chaque cas dans cette affaire, et je ne doute point que vous n'en ferez un usage convenable; mais bien que je regarde toujours la médiation de la Russie comme la dernière et la meilleure corde de mon arc pour sortir d'une guerre assez onéreuse et incommode à moi, je ne vous saurais cacher mon inquiétude sur les véritables intentions de la Russie, m'ayant été mandé depuis peu d'Angleterre, comme une chose autant sûre que secrète, que les lords Tyrawley et Hyndford avaient marqué au roi d'Angleterre que le Plus sûr moyen d'attirer la Russie dans les intérêts des cours de Vienne