1687. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A MUNICH.

Berlin, 15 janvier 1745.

Les relations que vous m'avez faites en date du 2 et du 5 de ce mois, m'ont été bien rendues. Vous accusez fort juste, si vous croyez le tort presque irréparable que le malheureux arrêt du maréchal de Belle-Isle fait à la cause commune, et j'en suis d'autant plus au désespoir que les miens l'ont averti, même lorsqu'il était encore à Cassel, de ne prendre point son chemin sur cette route.

Il est juste que l'Empereur fasse tous ses efforts pour le réclamer, mais je doute du succès. Je suis content du choix qu'on a fait dans la personne du comte de Mortagne, pour me l'envoyer; aussi attends-je son arrivée. Je fais de tout mon mieux pour aider Sa Majesté Impériale auprès du roi de France, et je lui ai écrit et représenté réitérativement la nécessité indispensable qu'il y a de prendre les mesures les plus justes et vigoureuses pour le maintien de la Bavière et pour le renforcement de l'armée du Bas-Rhin; aussi en espéré-je un bon effet. Du reste, j'ai mandé mes sentiments au maréchal de Seckendorff, à qui j'ai conseillé de ne point quitter le service ni se rebuter des difficultés qu'il a trouvées dans son chemin jusqu'ici; ce serait encore un des malheureux coups si l'Empereur devait perdre un homme si digne, si expérimenté et si plein de zèle pour lui. J'espère que l'Empereur se tranquillisera sur toutes les alarmes que nos ennemis ont tâché à lui donner sur mon article, et j'ai trop de confiance en lui qu'il ne se gardera bien de donner dans les artifices de la cour de Vienne, qui n'oubliera rien pour semer de la discorde ou' de la méfiance entre nous. On ne manque pas<12> de faire à mes ministres des insinuations malignes sur la facilité qu'on trouvera à faire la paix séparée avec l'Empereur, mais mes ministres ont ordre de recevoir de pareils avis avec mépris; néanmoins comme la précaution est toujours bonne, vous ne manquerez pas de continuer à veiller sur tout de votre mieux. Comme j'ai fait rassembler des troupes dans la Haute-Silésie, pour nettoyer ce pays des troupes ennemies qui y sont entrées, et que mes troupes sont actuellement en marche pour cette expédition, j'espère de vous en pouvoir donner bientôt de bonnes nouvelles. Par celles que j'ai eues jusqu'à présent, on m'a appris que l'ennemi rebrousse chemin vers la Moravie, qu'il y a bien de la désertion parmi ses troupes et que ses affaires commencent à aller assez mal.

Federic.

Nach dem Concept.