1744. A L'IMPÉRATRICE DE TOUTES LES RUSSIES A SAINT-PÉTERSBOURG.

[Berlin, 4 mars 1745.]

Madame ma Sœur. Je me suis senti infiniment flatté de la demande que Votre Majesté Impériale a fait faire de mon portrait, et comme mon ministre à Sa cour, le baron de Mardefeld, aura l'honneur de le Lui présenter de ma part, je me flatte que Votre Majesté Impériale ne me voudra point refuser le Sien, comme celui de la plus chère amie et alliée que j'aie au monde, et pour laquelle je me sens le cœur pénétré du plus tendre attachement et de l'amitié la plus vive qu'on ait jamais ressenti.

Rempli des sentiments d'admiration pour la grande souveraine du Nord, autant que je le suis de l'inclination la plus forte pour Votre Majesté Impériale, quelle satisfaction ne ce sera pas pour moi de paître mes yeux dans les traits de la plus grande, la plus belle et de la plus accomplie souveraine que l'Europe a vu naître, et dont le souvenir, gravé déjà profondement dans mon coeur, sera sans cesse renouvelé par l'aspect d'un objet aussi chéri de moi? Il me semble même que je pourrais jouir alors à tous moments de la douce satisfaction de lire dans Ses<74> beaux yeux, et dans cette physionomie remplie d'autant de charmes et de grâces que de majesté, tous les sentiments de l'amitié et des bontés dont Votre Majesté m'a fait donner si souvent les assurances les plus flatteuses. Ces motifs paraîtront, à ce que j'espère, assez suffisants à Votre Majesté Impériale pour qu'Elle ne me refuse point ce précieux gage de Son amitié, dont je prétends connaître le prix plus que personne au monde, et dont je tâcherai de mériter la continuation par l'attachement le plus vif et la considération la plus distinguée avec laquelle je ne cesserai jamais d'être tant que je vivrai, Madame ma Sœur, de Votre Majesté Impériale, le très fidèle et bon frère et allié

Federic.

Nach dem Concept.74-1 Undatirt mit Begleitschreïhen vom 4. März an Mardefeld geschiclct.



74-1 Das Concept ist von Podewils, dem Eichel am 4. März schreibt: „Es vermeinen Se. Königl. Majestät, dass die Tours de flatterie in solchem Schreiben so genommen werden müssten, dass es die Kaiserin afficirte, da, wenn die Expressiones fein genommen wurden, solche dorten nicht recht attendiret werden möchten.“