1745. AU MARÉCHAL COMTE DE SECKENDORFF A AUGSBOURG.

[Potsdam, 5 mars 1745.]

Monsieur. Après avoir été, en quelque façon, inquiet sur ce que je n'ai eu de vos nouvelles pendant un temps assez long, je viens d'avoir à la fin la satisfaction de recevoir votre lettre du 15 de février avec la copie de celle du 30 de janvier, de laquelle vous m'apprenez qu'elle est tombée entre les mains des Autrichiens. Vous serez persuadé combien j'ai été touché de la mort inopinée de l'Empereur, tant par l'amitié que je lui ai toujours portée personnellement, que par les suites qui en pourront résulter, et qui me font d'autant plus de peine qu'elles vous tiennent dans l'incertitude sur ce que vous aurez à faire pour votre personnel.

Je vous plains de tout mon cœur de tous les contrariétés que des envieux vous ont fait essuyer pendant la vie de notre incomparable Empereur, mais je plains de tout mon cœur que ces circonstances, avec d'autres que vous me détaillez, ne vous permettent plus de vous charger du commandement des troupes de son successeur. Je suis pourtant persuadé que vous l'aiderez de vos conseils, autant qu'il vous le sera possible, et que vous ne changerez jamais des sentiments que vous avez eus jusqu' à présent. J'espère que vous aurez meilleure opinion de moi que de croire que jamais des insinuations qu'on voudrait me faire contre vous, pussent porter coup sur moi, et que ni Mortagne, qui cependant n'en a pas touché un mot, ni qui que ce soit au monde, ne sera capable de me faire changer sur les sentiments d'estime que j'ai pour vous. Aussi serai-je charmé si vous voulez bien me continuer votre corres<75>pondance, étant avec toute l'estime possible, Monsieur, votre très affectionné ami

Federic.

Nach dem Concept. Das Datum ergiebt die Antwort Seckendorfs, Augsburg 22. März.