1809. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Neisse, 26 avril 1745.

Mon cher Podewils. J'ai reçu vos lettres; j'ai approuvé le traité132-1 tel que vous l'avez ébauché. Il sera cependant nécessaire d'informer Andrié que l'article qui regarde l'élévation de la maison de Hesse à la dignité électorale, n'était pas des principaux, et qu'il peut, s'il le faut, se rélâcher là-dessus.

Je vois bien par tout ce que vous m'écrivez que vous n'êtes pas bien au fait de ma position dans ce pays et de celle des ennemis. Comme j'ai appris par mes espions et de lieux certains que les Autrichiens s'assemblent auprès de Königgrätz, j'ai fait évacuer Troppau, j'ai levé mes quartiers et je me rassemble auprès de Patschkau, en cantonnant encore. Truchses a levé ses quartiers; il est, avec 6 bataillons, 30 escadrons de hussards et 10 de dragons, à Wünschelburg, où il couvre le pays contre les incursions, ayant derrière lui Schweidnitz et Liegnitz, garnis d'infanterie; de mon côté il n'est entré aucun Autrichien dans le pays de Glatz, ils ont reculé tous les magasins qu'ils avaient de ce côté-là, le long de la frontière, de l'autre côté de l'Elbe, et ils ont détaché quatre régiments d'infanterie et un de cavalerie vers Prague; ils ne. campent point encore, l'on a dit que le prince Charles devait arriver le 25 à Königgrätz, mais je ne sais point encore qu'il y soit arrivé. Dans les montagnes de Liebau, il y est entré de petits partis de hussards, mais rien de conséquence, qui ont demandé des livraisons du pays pour Trautenau, qui est en Bohême.

Les Autrichiens peuvent avoir deux raisons pour se retirer de mes frontières, de ce côté ici.

L'une peut être qu'en considération des pressantes sollicitations du lord Harrington ils se soient déterminés à faire la paix avec moi, et que ce corps qui marche vers Prague prend les devants, pour être plus à portée de se joindre, par l'Empire, aux Hanovriens, qui crient miséricorde, et il se pourrait bien que la cour de Vienne, piquée de l'envie que le roi de Pologne manifeste pour devenir empereur, lui cache la négociation de Londres.

Il se peut aussi, d'un autre côté, que les Autrichiens font filer plus de troupes du côté de Trautenau, pour être plus à portée de pénétrer par cette partie des montagnes.

Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'ils ne peuvent aussi peu entreprendre que moi, avant que le vert soit venu, et s'ils entrent alors en Silésie, je marcherai tout droit à eux et je les battrai à coup sûr. Mais je crois qu'entre ici et ce temps-là milord Harrington pourra gagner le dessus à Vienne; et, quand même la première réponse de Vienne ne serait pas favorable, pourvu que Harrington nous donne des assurances de<133> les mettre à la raison, il faut en attendre l'effet tranquillement. J'espère, moyennant les dispositions que j'ai faites, de pouvoir empêcher que la course des barbares aille trop loin, et de couvrir mon pays assez bien.

Je ne suis point étonné de l'embarras où vous êtes à Berlin; je risque le plus de vous tous, et je suis tranquille et préparé à tout événement. Berb'n n'est pas une ville que l'on puisse défendre, il faut l'abandonner et sauver effets et chancellerie et argenterie à Magdebourg, et les dicastères de même. Mon intention est de tomber sur les Saxons, après que leur armée et celle des Autrichiens sera entrée ici dans le pays et que nous les aurons battus. Il faut des remèdes violents aux maux violents; ou je veux conserver tout ce que j'ai, ou je veux tout perdre.

Ne voyez pas tout en noir, mon cher ami; nous avons deux ressources, dont l'une est là négociation de l'Angleterre, et l'autre est la valeur de mes troupes; prenez généreusement votre parti à tout événement, et ne marquez aucune faiblesse. Il est vrai que la trahison de la Russie, si subite et pour une raison si frivole,133-1 n'était pas un événement à prévoir; il est vrai que nous sommes dans une grande crise, qu'il peut nous arriver bien des malheurs; mais à cela je réponds que deux ans plus tôt ou plus tard ne valent pas la peine qu'on s'afflige d'un malheur prévu, et que, si les choses tournent en bien, notre situation deviendra plus sûre et plus affermie qu'elle ne l'a été par le passé.

Continuez à travailler sur mon plan en honnête homme, et pensez que, lorsque nous n'avons rien à nous reprocher, nous ne devons pas nous affliger des événements et des malheurs auxquels tous les hommes sont exposés.

Je pars demain pour Nieder-Pomsdorf, qui est un village proche de Patschkau, où j'établirai mon quartier général, jusqu'au temps que l'armée entrera dans les tentes.

Et s'il faut ferrailler, ne vous attendez à rien de décisif entre ici et quatre semaines.

Adieu, je crois avoir répondu sur tous les points de votre lettre; encore une fois, mettez-vous l'esprit en repos et laissez-nous faire; vous verrez que, de quelque façon que cela tourne, la fin sera à notre honneur.

Je suis votre bien fidèle ami

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.

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132-1 Das an Andrié zu sendende Project zu einem Friedensvertrage mit dem wiener Hofe. Vergl. S. 98. 114.

133-1 Am 23. April hatte Tschernyschew in Berlin eine Note übergeben, durch welche die Kaiserin von Russland die ihr angebotene Mediation ablehnte. Podewils vermuthet in seinem Bericht an den König als eines der Motive dieses Schrittes „la fatale idée de la médiation de la Porte“ (vergl. S. 128).