1878. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Entre Friedland et Braunau, 10 juin 1745.

Mon cher Podewils. Je suis toujours le même que j'ai été, des succès passagers ne m'enorgueillissent point, je pense également au bien de la patrie et de l'armée, ne craignez pas que je me précipite dans mes résolutions. Je poursuis à présent mon grand objet, qui est de déloger les Autrichiens de Königgrätz, où ils ont un magasin très important, et qui me met, après en être en possession, en tranquillité sur tout ce qui peut arriver du côté de la Silésie. Cela fait, je suis au terme de mes opérations, et vous n'entendrez parler de nous qu'en partis.189-2 Je gagne par cette position le temps de pousser mes négocia<190>tions et de parvenir à la paix; il faut qu'elle soit avantageuse alors. Je n'entamerai la Saxe que lorsque je verrai qu'il n'y a pas moyen de parvenir à un accommodement, mais je ferai semblant de vouloir rompre à tout moment, pour l'obliger à me faire des propositions. En un mot, je ne fais la guerre que pour parvenir à la paix, et vous pourrez être persuadé que je suis trop philosophe pour suivre l'impétuosité de mes passions dans des objets de cette importance, et dont dépend le salut de l'État. J'avoue que la joie est grande chez nous de la gloire qu'un chacun jusqu'au moindre soldat s'est acquise, mais nous ne sortons pas des bornes de la modération ni des limites du bon sens. Voilà, mon cher Podewils, quelle est ma façon de penser dans ces conjonctures, et je crois que nous ne tarderons pas à voir venir les autres; c'est ce que je désire de tout mon cœur, vous assurant que je suis tout à vous. Adieu.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



189-2 Sic.