1885. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A SAINT-PÉTERSBOURG.

Camp près de Dumckow, 18 juin 1745.

La relation que vous m'avez faite, le 29 du mois de mai passé, m'a été bien rendue. Si l'Impératrice a été bien aise de la victoire des Français et que le Vice-Chancelier en ait paru content, tout comme le Grand-Chancelier en a été fâché, il faudra voir ce qu'ils penseront à<195> présent que l'armée des alliés de Varsovie a été maltraitée en Silésie, comme vous saurez à présent par la relation qui en a été publiée et dans laquelle il n'y a absolument rien de brodé ni d'exagéré; aussi attends-je avec impatience votre relation sur l'impression que cette victoire a faite sur l'esprit de l'Impératrice et sur celui de ses ministres, de même que de la façon dont les ministres saxons, anglais et hollandais s'expliquent, et des insinuations qu'ils feront là-dessus aux ministres russes. Quant à ce qui se passe ici, je vous dirai qu'en faisant suivre continuellement l'armée ennemie, elle a été repoussée en Bohême jusque derrière de Königgrätz, d'où je tâcherai encore de la débusquer, pour lui faire quitter les magasins considérables qu'elle y a, afin de la mettre par là hors d'état de ne pouvoir rien entreprendre, cette campagne, contre la Silésie.

Avec tout cela, je veux bien vous dire en confidence, et pour vous mettre au fait de ma véritable façon de penser, que ma victoire, toute complète que, grâce à Dieu, elle a été, ne me rendra pas ni dur ni orgueilleux envers mes ennemis, qui sont venus m'attaquer de la manière la plus injuste et contre tout droit et raison; que je ne pense point d'ailleurs à faire de grandes conquêtes sur eux et que je ne refuserai pas même un accommodement avec eux, pourvu qu'ils m'en parlent et m'offrent des conditions raisonnables et honorables; mais qu'aussi, s'ils ne veulent point entendre raison, je les pousserai à bout.

Federic.

Nach dem Concept.