1913. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

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Podewils berichtet, Berlin 2. Juli: j'ai cru être de mon devoir d'envoyer à Votre Majesté la pièce ci-jointe, qui est une copie d'une lettre que le fameux comte de Bonneval a écrite de Constantinople, que le sieur de Carlson, ministre de Suède auprès de la Porte Ottomane, a envoyé au comte de Lanmarie, pour me la remettre . . . Comme je ne crois pas que l'intention de Votre Majesté soit d'avoir un ministre ou seulement un émissaire à Constantinople, qui serait découvert tôt ou tard par les autres, et que je ne vois point quelle diversion il y aurait à espérer de la Porte Ottomane en faveur de Votre Majesté, tant que la première a sur les bras la guerre avec la Perse et

Camp de Russek, 12 juillet 1745.

Mon cher Podewils. J'ai reçu les dépêches que vous m'avez faites le 2 de ce mois. Je suis tout-à-fait de votre sentiment qu'il ne faut pas répondre à la lettre que Bonneval vous a écrite, et faire plutôt semblant de ne l'avoir point reçue. S'il y a quelque chose à faire avec les Turcs, il faudra que la France s'en mêle pour en tirer profit.

Par les copies des dépêches à Klinggræffen, Andrié et Mardefeld que vous trouverez ci-closes, vous

y peut à peine suffire, je crois que le meilleur sera de ne point entrer en correspondance avec le comte de Bonneval et de ne point répondre du tout à sa lettre, puisque, quelque réponse que Votre Majesté pourrait m'ordonner de lui faire, elle dénoterait toujours un commerce de lettres avec ce bâcha, et fournirait au grand-chancelier comte de Bestushew un prétexte plausible d'aigrir l'esprit de l'Impératrice.“

verrez ce que je leur ai répondu sur leurs dernières relations qui me sont parvenues. Il semble qu'il n'y ait rien à craindre de la Russie, mais il nous faudra avoir d'autant plus d'attention, que la cour de Vienne ne réussisse pas dans son dessein de forcer l'électeur de Bavière de lui donner ses troupes, ce que je vous recommande comme un des points les plus capitaux dans les conjonctures présentes. Quand Andrié s'en ira d'Hanovre, je crois qu'il pourra bien dire à Harrington que je ne savais que trop que le dessein du ministère anglais n'avait été autre que de m'amuser; que, de plus, il ne m'était point inconnu que ce n'était pas tant faute de lui que plutôt du Roi son maître, et qu'il n'en paraissait que trop combien les prétendus intérêts d'Hanovre prévalaient aux plus essentiels de la nation britannique ; mais que je ne serais point leur dupe, et que peut-être le temps ferait regretter au ministère anglais de ce qu'ils avaient traité avec autant d'indifférence une affaire qui en tout égard avait été d'un si grand bien pour la nation britannique. Vous instruirez Andrié sur les termes convenables dont il devra user alors. Sur quoi, je prie Dieu etc.

Federic.

Nous ne faisons pas grande chose jusqu'à présent, mais il ne tardera guère que vous entendrez parler de nous, non pas de quelque chose de décisif, mais pourtant de quelque chose de bon.

Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.