1961. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Camp de Chlum, 12 août 1745.

Mon cher Podewils. Je suis fâché de vous dire que je ne connais pas de plus grande poule-mouillée que vous. Il semble que vous ne voyez que des uhlans saxons, et que la crainte vous domine si fort que j'appréhende que dans peu de jours vous demanderez des passe-ports pour vous sauver à Stockholm avec la chancellerie. Il n'est en vérité pas permis d'être si timide, et je vous prie pour l'amour de votre nation de vous rassurer. Parlons d'affaires. Je veux la paix, et il faut la vouloir, parceque cela est absolument nécessaire etc.; mais vous, que je me livre pieds et poings liés; c'est de quoi je ne conviens point, et vous verrez par toutes les instructions que j'envoie à Andrié, et dont j'ai ordonné à Eichel de vous envoyer copie, la gradation que je lui Prescris. Il est donc entièrement muni de tout ce qui lui faut pour faire la paix, ayant depuis longtemps les pleins - pouvoirs nécessaires, et si c'est le sérieux du lord Harrington, nous y parviendrons. L'embarras des Anglais au sujet des affaires de Flandre et d'Italie est très grand;<258> il leur faut des troupes et ils n'en peuvent aveir qu'en se débarrassant de moi. Profitons de cette conjoncture, poussons notre fortune autant qu'elle pourra aller. Cette guerre des Saxons pour laquelle vous paraissez avoir tant d'aversion, se fera. Pourquoi? Puisque tant et tant de raisons m'y conviennent et que je ne puis faire autrement. Cependant si notre [projet]258-1 d'Hanovre tourne à bien, le prince d'Anhalt n'aura fait qu'une ou deux marches du côté de Leipzig. J'ai déjà pensé aux frontières de Pologne,258-2 mais jamais je n'ai rien vu de plus craintif que vous, et je vous avoue naturellement que je ne vous conçois plus. Enfin, je ne saurais que faire. Je suis fâché d'agir contre votre avis, mais le prince d'Anhalt ne recevra point d'autres ordres, et vous serez obligé d'en passer par là; mais si les Anglais sont de bonne foi, vous n'aurez pas la peur longtemps, et la paix se fera vers le 12 de septembre, ou du moins les préliminaires pourront être signés alors.

Sur quoi, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.



258-1 Im Original sinnlos: pri.

258-2 Der Minister besorgte einen Einfall polnischer Insurgenten in die Neumark.