1962. AU CONSEILLER ANDRIÉ A HANOVRE.

Camp de Chlum, 14 août 1745.

Dans la persuasion où je suis que mes deux amples dépêches du 5 et du 10 de ce mois vous seront bien parvenues, j'espère que vous serez par là, et par tout ce que mon ministre d'État, le comte de Podewils, vous aura mandé, tout-à-fait instruit de la manière que vous devez vous conduire dans la négociation importante que je vous ai confiée. J'ai la confiance en vous que vous vous y prendrez avec toute la fidélité, adresse et savoir-faire, pour mener cette grande affaire à une fin heureuse; que vous vous garderez surtout de ne faire voir d'abord le fond du sac et de ne passer d'une proposition à l'autre qu'avant d'avoir tout tenté et tout éprouvé pour la faire passer.

Comme je vous ai aussi ordonné, dans la dépêche que je vous ai faite le 10 de ce mois, que si contre toifte attente les trois propositions que j'ai demandées pour mon indemnisation, étaient également refusées, vous ne deviez aller à celle par laquelle la paix de Breslau sera mise pour base, qu'après qu'on vous aura averti que mes troupes avaient mis pied en Saxe, je veux bien vous dire à présent que, dès que vous aurez trouvé qu'il n'y a point moyen de réussir sur aucune des trois propositions d'indemnisation dont j'ai parlé ci-dessus, et qu'on veuille mieux tout de bon rompre plutôt la négociation que d'y condescendre, alors vous devez, sans attendre l'avis de l'entrée de mes troupes en Saxe, déclarer que, pour montrer donc ma modération, je voudrais enfin me contenter de la paix de Breslau, pour qu'elle servît de base de celle<259> à faire, sauf pourtant que les autres conditions que je prétends y fussent jointes.

Et comme vous êtes déjà muni depuis longtemps de tous les pleinspouvoirs nécessaires pour régler et signer les préliminaires, vous en ferez usage alors et signerez les nouveaux préliminaires, sans attendre de mes ordres ultérieurs là-dessus.

Vous n'oublierez pas d'y insérer ce que je vous ai ordonné dans ma dépêche du 5 de ce mois, par rapport au temps que ces préliminaires doivent être ratifiés, et ce qui doit être observé touchant l'instrument de la paix. Il y a encore à observer que, dès que les préliminaires seront signés, il faudra que le roi d'Angleterre en fasse avertir secrètement par un courrier le prince Charles de Lorraine en Bohême, et que vous de votre côté m'en avertissiez le plus tôt le mieux, afin que toutes les hostilités cessent alors réciproquement. Outre cela, vous devez le mander incontinent au ministre d'État, le comte de Podewils, afin que celui-ci en avertisse pareillement le prince d'Anhalt-Dessau, pour que celui-ci, selon les ordres qu'il a, cesse de sa part d'agir hostilement contre la Saxe.

E y a encore une chose sur laquelle il faut que je vous fasse savoir mon intention; c'est que, n'étant point informé si le ministre autrichien Wasner a reçu des pleins-pouvoirs de sa cour ou non, pour l'accommodement en question, je veux qu'au premier cas il faudra bien qu'il signe avec vous les préliminaires dont on conviendra; au second cas, je suis content que vous régliez les préliminaires et les signiez avec le lord Harrington. Si le roi d'Angleterre persiste à s'engager de se faire fort d'y faire consentir la cour de Vienne et de conclure en conséquence, vous observerez encore de bien insinuer au lord Harrington que, si je me prêtais à cette paix, ce n'était uniquement que pour l'amour du bien public et pour voir finir les calamités dont l'Empire a tant souffert jusqu'ici, de même que pour persuader le Roi son maître que mes intentions ont été toujours sincères ; mais aussi faut-il que cette affaire soit bientôt finie. Du reste, je crois encore que, si vous vous prenez bien avec le lord Harrington, vous en obtiendrez encore quelque indemnisation, soit quel des trois points que j'ai proposés que ce puisse être, ce que je laisse à votre savoir-faire, vous ayant instruit à présent sur tous les cas, même s'il n'y a point d'indemnisation à obtenir. J'attends votre rapport bien détaillé sur toutes les circonstances de cette affaire et de quelle façon vous l'aurez finie. J'ai oublié de vous dire encore une fois lue l'article des sûretés pour l'avenir m'est un des plus importants ; c'est Pourquoi vous devez accepter l'offre que le lord Harrington vous a faite, touchant la garantie des Puissances maritimes et que je sois compris à la pacification générale. Sur quoi, je prie Dieu etc.

P. S.

Il m'a paru comme si le lord Harrington avait voulu entremêler quelque menace dans ce qu'il vous a insinué, selon votre dépêche du 5<260> de ce mois. Je veux bien me persuader que vous ne souffririez point qu'on vous parle d'un ton menaçant sur mes affaires, et que, si cela arrivait, vous ne manquerez pas d'y répondre d'une manière conforme à ma dignité, en donnant à entendre que vouloir me menacer, est autant que de youloir tout gâter.

Federic.

Nach der Ausfertigung.