2019. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Camp de Trautenau, 11 octobre 1745.

J'ai reçu votre relation du 27 septembre par laquelle vous me faites un fidèle portrait de la cour et de la situation de ses affaires, comme aussi de ses sentiments par rapport à moi. Vous devez faire sentir aux ministres que je m'étais aperçu, il y a longtemps, que la France n'a pas agi de concert avec moi pendant toute cette campagne; que je n'avais tiré aucun secours de son alliance, malgré les terribles efforts que j'ai faits en faveur de la cause commune; que cette cour semble conserver une prédilection marquée envers la Saxe; qu'on avait à contre-temps affaibli l'armée du prince de Conty, au lieu de la renforcer; qu'on avait retiré cette armée au delà du Rhin, au lieu de la faire rester auprès de Francfort pour tenir les choses dans une situation convenable et concertée; qu'on avait fini la campagne de Flandre dans le temps où les opérations en Bohême étaient des plus vives; que je n'ai obtenu aucun secours ni en argent ni en troupes de la France, quoique je fusse attaqué dans mon pays et qu'elle fût dans l'obligation intime, moyennant l'alliance, de m'assister alors de toutes ses forces; qu'on n'a fait jusqu'ici aucune attention aux différentes remontrances que je lui ai faites tant pour les affaires de la négociation, ni pour ce qui regarde les opérations militaires, et qu'en dernier lieu, pour comble des mesures, elle avait proposé à mon insu par l'abbé de La Ville un congrès, et cela même dans le temps que le M. de Valory me faisait les insinuations les plus vives pour me porter à des résolutions les plus désespérées; ainsi vous vous plaindrez poliment aux ministres de tous ces procédés, mais sans aigreur et sans animosité, afin de leur faire envisager avec douceur le fond de mes raisons et de mes justes griefs.

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.

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