<109> ceux envers qui ledit Jésuite s'est expliqué jusque là. Ce que vous tâcherez d'obtenir par la troisième ou la quatrième main, sans que ledit Jésuite vous en soupçonne, et je vous tiendrai compte des frais que vous serez obligé d'y faire.

A ce qui me paraît, ni la Russie ni la Saxe ne trouveront convenable de m'entamer cette année-ci; ni la Russie, puisqu'elle ne voudra pas seule se charger de l'affaire, ni la Saxe, parcequ'elle ne se trouve pas arrangée à l'entreprendre. Ce qui me fait la chose d'autant plus vraisemblable, c'est que, si les Saxons couvaient un si grand dessein, ils ne seraient point si imbéciles d'employer 700,000 écus, dans les circonstances où ils sont, pour l'achat du cabinet de Modène, mais qu'ils mettraient plutôt à part cette somme, avec ce qu'ils recevront de subsides de la France et de l'Espagne, pour être en état de m'assaillir. D'ailleurs leur armée n'est

1° Point complète, plusieurs de leurs officiers ayant déjà commencé à congédier de leurs gens;

2° Ils n'ont pas les moindres magasins indispensablement nécessaires à une entreprise pareille;

3° Ils manquent de l'artillerie, ainsi que, pour en pouvoir fournir assez à leurs régiments, ils seraient obligés à faire fondre des canons de campagne;

4° Leurs régiments ne sont fournis ni d'assez de poudre et de plomb, ni des équipages pour faire la campagne : pour ne pas parler de la remonte qu'il faudrait pour leurs régiments de cavalerie, et de cent autres arrangements indispensables pour mettre des troupes en mouvement; ainsi que, tout bien considéré, je ne crois point que j'aie à craindre quelque chose de ces gens-là pendant le cours de cette année; du moins, je vous ai détaillé par tout cela les points sur lesquels vous devez réfléchir, afin de pouvoir juger solidement si les Saxons sont en état d'entreprendre quelque chose ou non.

Sur ce qui est des Autrichiens, je ne les crois pas non plus en état d'entreprendre quelque chose contre moi, par le peu de troupes qu'ils ont actuellement tant sur les frontières de la Bohême qu'en Hongrie.

Quant au comte de Hennicke, le peu de contenance qu'il a tenu, lorsqu'il s'est expliqué avec vous sur les points que vous lui avez dits, me fait assez juger du malin vouloir que le ministère saxon a contre moi et combien il a encore le cœur plein de fiel. Vous ne laisserez cependant pas de dire occasionnellement à ce comte qu'il ne lui sortirait pas si tôt du mémoire ce qui s'est passé avant peu de temps; que j'espérais qu'ils me voudraient bien laisser en repos, mais si, nonobstant de tout cela, l'envie leur prenait de me troubler, je croyais encore qu'eux et leurs alliés auraient assez bonne opinion de moi qu'ils ne nous trouveraient point endormis pour manquer à notre défense.

Federic.

Nach dem Concept.