<13> qualité de mon envoyé extraordinaire, mon intention est qu'il se rende sans retardement à Dresde, aussitôt que la présente instruction lui aura été remise.

2° A son arrivée, son premier soin sera d'en faire informer le principal ministre de Sa Majesté Polonaise, le comte de Brühl, et de lui rendre visite tout de suite, pour lui remettre copie de la lettre de créance dont il recevra l'original à cachet volant ci-joint, et pour le prier de lui procurer une audience particulière, sans aucune cérémonie, de Sa Majesté le roi de Pologne.

3° Dans cette audience, il remettra à Sadite Majesté l'original de la lettre de créance, en l'accompagnant de tout ce qui se peut dire de plus obligeant et de plus persuasif pour l'assurer de la haute estime et de la véritable amitié que j'avais constamment conservées pour sa personne, et que nos différends passés n'avaient jamais altérées; que ces différends ayant été heureusement aplanis et la bonne intelligence rétablie entre nous, je mettrais présentement toute mon application à la cultiver et à en resserrer les nœuds; que je saisirais avec empressement toutes les occasions pour contribuer à sa satisfaction et à l'avancement de ses intérêts et ceux de sa maison, dans l'Empire aussi bien qu'au dehors; que j'étais prêt à me concerter confidemment avec Sa Majesté sur ces objets; enfin, que je n'épargnerais rien pour la convaincre de la sincérité et de la persévérance de ces sentiments, et que je m'en ferais une étude sérieuse, ne doutant point qu'elle n'y répondît par un parfait retour et ne me rendît confiance pour confiance ; à quoi le sieur de Klinggræffen pourra ajouter les compliments accoutumés en pareille rencontre relativement à sa personne.

4° La coutume de la cour de Dresde étant que les ministres étrangers, après l'audience du roi de Pologne, en prennent encore de la Reine et de toute la maison royale, le sieur de Klinggræffen s'y conformera et n'oubliera point de faire dans ces audiences, qu'il prendra de même que celle du roi de Pologne sans aucune cérémonie, les protestations les plus convenables de mon estime parfaite et de ma considération distinguée pour la Reine et de ma véritable et constante amitié au Prince Électoral, aussi bien qu'aux Princes ses frères et aux Princesses ses sœurs.

5° Ces cérémonies achevées, le sieur de Klinggræffen s'appliquera avant toute autre chose à bien connaître la carte du pays de la cour où il va, et à se former de justes idées du degré d'influence et de crédit de chacun des ministres et d'autres personnes qui y sont employés. Le comte de Brühl étant celui dont la faveur paraît jusqu'ici se soutenir comme la plus forte et la mieux assurée, le sieur de Klinggraeffen fera son possible pour gagner son amitié et même sa confiance; et comme il est à présumer que ledit comte aura de la peine à la lui donner, tant qu'il se doutera que, le regardant avec raison comme le principal promoteur des dernières brouilleries, il me reste encore une