<14> dent contre lui, le sieur de Klinggræffen n'épargnera rien pour déraciner ce doute, et il assurera le comte de Brühl que j'ai passé l'éponge sur tout ce qui s'est passé pendant la dernière campagne; que bien loin d'en garder le moindre ressentiment, je lui offrais de nouveau mon estime, et qu'il me trouverait toujours disposé à lui en donner des marques, mais que j'espérais aussi qu'il emploierait désormais son ministère et son crédit à cimenter la bonne harmonie qui venait d'être heureusement rétablie entre les deux cours et dont la conservation et l'affermissement devait faire un des principaux objets des soins et de l'attention de chaque fidèle serviteur et ministre bien intentionné pour les intérêts réciproques de nos deux maisons royales et électorales, qui se trouveraient toujours bien d'une étroite union.

6° Le sieur de Klinggræffen ne négligera non plus de se mettre bien dans l'esprit des autres ministres de la cour de Dresde, particulièrement dans celui du père Guarini et du comte de Hennicke, dont le dernier, pendant la crise qui a précédé la paix, a paru fort bien intentionné pour mes intérêts et pour la bonne intelligence entre le Roi son maître et moi : dispositions que le sieur de Klinggræffen ne manquera pas de cultiver et de fortifier, en assurant ce ministre de mon estime et de ma bienveillance.

7° Il tâchera encore d'entrer en liaisons d'amitié avec les ministres polonais qui se trouveront à Dresde, afin de pénétrer par leur moyen les vues de la cour de Saxe par rapport à la Pologne, si elle continue de travailler au projet d'assurer à la maison de Saxe la succession de cette couronne, et quelles mesures elle prend pour cet effet. Il ne fera pas mal de les assurer dans l'occasion de mon amitié inaltérable pour la République, de mon désir sincère de vivre avec elle dans la plus parfaite intelligence, et de remplir à son égard tous les devoirs d'un fidèle allié et d'un bon voisin, de mon attachement invariable pour ses intérêts, de ma constante attention au maintien de sa constitution et de ses droits et priviléges, et de mon estime distinguée pour la nation polonaise. Mais il faut que toutes ces protestations se fassent sans affectation et sans y rien glisser que la cour de Saxe puisse interpréter comme si je cherchais de prévenir les Polonais contre elle, ou dont la cour de Russie ait sujet de se trouver choquée. Il observera en général d'user d'une grande circonspection dans ses entretiens avec les ministres de Pologne, et de ne se fier à eux qu'à bonnes enseignes et lorsqu'il aura des preuves convaincantes de leur sincérité, quand même d'ailleurs ils s'épancheraient en plaintes contre leur cour, ces plaintes n'étant souvent qu'un piége pour tirer les vers du nez de ceux à qui ils ont affaire, et pour les engager à des ouvertures dont ils manquent rarement de faire un mauvais usage.

8° A l'égard des ministres étrangers qui se trouvent à Dresde, comme je suis présentement en paix et amitié avec tout le monde, le sieur de Klinggræffen les traitera tous avec une politesse égale et leur