<136> des subsides, et jusqu'ici elle n'y paraît pas fort porte'e. Comme il est sûr que la cour de Dresde a conclu son traité de subsides avec la France, et qu'elle en a déjà tiré des sommes, je suis surpris de l'effronterie du comte de Brühl de vouloir duper jusqu'au ministère de Russie. Il fait connaître d'autant plus par là son méchant caractère, mais je vous permets que, si vous pouvez trouver l'occasion de faire instruire par la troisième ou quatrième main et sans que vous y paraissiez en aucune façon, les ministres d'Angleterre, de Hollande et même ceux de la cour de Vienne du manége du comte de Brühl à ce sujet-là, vous le pouviez et deviez même le faire.

Federic.

Nach dem Concept.


2280. AUX MINISTRES D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS ET DE BORCKE A BERLIN.

Potsdam, 18 juillet 1746.

Après avoir vu ce que vous venez de me mander par rapport à la lettre que le marquis de Valory vous a faite, concernant les vues des Saxons sur la succession en Pologne et sur l'engagement que la France a contracté avec la cour de Dresde, je veux bien vous dire en réponse que, quant audit marquis, vous devez lui répondre que, comme nous ignorions tout-à-fait de quoi il s'agissait proprement dans le traité que la France avait fait avec la Saxe, nous ne saurions nous en expliquer, avant que la France ne nous eût communiqué ce traité-là et nous eût mis par là à même d'y penser et de nous expliquer alors d'une manière convenable là-dessus.

Vous y ajouterez un peu ironiquement, comme une saillie qui vous était de vous-même, qu'on avait lieu d'être surpris de ce que la France entrait si chaudement dans les affaires de Pologne, elle qui ne s'était guère souciée de celles d'Allemagne du temps de la dernière élection de l'Empereur à Francfort.

Mais, en général, je veux bien vous dire tout ce que je pense sur cette affaire-là, quoique pour votre instruction seule; savoir que je n'ai pas la moindre envie de me mêler à présent de ces affaires-là:

1° Parceque la France a fait le traité en question à notre insu et sans nous en avoir communiqué la moindre chose.

2° Puisque, dans la fort mauvaise volonté où nous savons que la cour de Dresde est contre nous, je ne comprends pas à quoi un pareil traité pourrait aboutir.

3° Pourquoi nous laisserions-nous lier les mains, avant que le cas de la succession en Pologne existe? Si ce cas existe un jour, et que nous ne sommes point liés alors, nous prendrions tel parti que nous trouverons convenable, et il faudra absolument alors ou que nous en tirions avantage, ou que la Saxe et ses amis nous aient de l'obligation;