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14° Le sieur de Klinggræffen n'ignore pas les mouvements que la nomination du prince de Schaffgotsch à la coadjutorerie de Breslau a excite's à la cour de Rome. Comme toutes les tentatives que j'ai faites jusqu'ici pour rectifier cette cour là-dessus, ont été infructueuses, et que l'affaire me tient extrêmement à cœur, il emploiera tout son savoirfaire pour engager la cour de Saxe à s'y intéresser et à interposer son crédit à celle de Rome pour la faire désister de son opposition et pour en obtenir les bulles nécessaires au Coadjuteur. Je suis persuadé que, si Sa Majesté Polonaise veut s'entremettre sérieusement dans cette affaire et faire agir en sa faveur son protecteur à Rome, le cardinal Albani, le Pape ne manquera pas de plier et de se rendre à mes désirs, d'autant plus que son propre intérêt semble exiger cette complaisance, puisqu'il est évident que toutes les oppositions de Rome ne m'empêcheront pas, le cas existant, de mettre le Coadjuteur dans la possession du temporel de l'évêché, ni ne m'obligeront à donner mon agrément à celui que le Pape voudrait y substituer pour le spirituel, et que la confusion et les suites qui en pourraient résulter ne peuvent être que très préjudiciables à la religion romaine en Silésie; considération que le sieur de Klinggræffen ne fera pas mal d'insinuer dans l'occasion, mais seulement en guise de ses propres réflexions et sans m'y commettre en aucune façon, au père Guarini et au Nonce même, en témoignant surtout au dernier que je serais reconnaissant dans l'occasion de l'attention que la cour de Rome aurait pour moi dans cette affaire et que la religion catholique dans mes États s'en ressentirait par les marques essentielles que je lui donnerais de ma protection et de ma bienveillance. Il recommandera surtout la chose fortement au comte de Brühl, en lui faisant entendre que, comme il n'en coûterait à Sa Majesté Polonaise que de bons offices et qu'elle n'en recevait ni n'en pourrait recevoir le moindre préjudice, je me flattais qu'elle ne me refuserait point cette complaisance, et que je ne laisserais point de l'envisager comme une marque essentielle de son amitié et de m'étudier de trouver des occasions pour lui en témoigner ma reconnaissance.

15° Il serait superflu de recommander au sieur de Klinggræffen d'éclairer de près la conduite et les menées de tous les ministres étrangers qui se trouvent à Dresde, et de ne rien épargner pour approfondir leurs commissions, cela faisant une partie essentielle de la sienne. Il est bon toutefois de lui marquer quelques-uns des principaux points où il doit attacher son attention. C'est pour découvrir par exemple le véritable objet du séjour et des négociations du comte de Harrach, n'étant pas vraisemblable qu'un ministre revêtu d'une charge comme la sienne, qui paraît exiger absolument sa présence à Vienne, s'en éloigne pour si longtemps sans un sujet très important. Le sieur de Klinggræffen s'informera donc sous main si la négociation de ce ministre ne roule que sur l'indemnisation que la cour de Saxe prétend de celle de Vienne, ou s'il s'agit, ainsi que bien des gens le présument, et même