<19> avec beaucoup de vraisemblance, de former une nouvelle triple alliance avec la Russie; si l'affaire doit se conclure à Saint-Pétersbourg ou avec le ministre russien à Dresde, ou si l'on a mis sur pied avec ce dernier quelque autre négociation qui fût préjudiciable à mes intérêts; s'il y a quelque traité de subsides sur le tapis avec les Puissances maritimes; quels mouvements le ministre de France se donne et quelles propositions il pourra faire pour traverser et rompre ces différentes négociations, et jusqu'à quel point elles sont avancées.

16° Le sieur de Klinggræffen s'étudiera surtout à pénétrer le système et le plan de conduite que la cour de Dresde, depuis le rétablissement de la paix, se propose de suivre par rapport aux affaires générales de l'Europe, soit relativement à l'Empire ou à celles du dehors; de quelle façon elle pense sur l'article de la cour de Vienne, si les désagréments qu'elle vient d'essuyer en suite de son alliance avec les Autrichiens, et le peu de fruit qu'elle a recueilli de celle de la Russie, ne la rebutent et ne la dégoûtent point de ces liaisons, et si malgré l'expérience elle ne laisse pas de persister constamment dans ces liaisons et de s'y rembarquer de nouveau; ou si elle tournera ses vues du côté de la France et prêtera l'oreille aux propositions que cette couronne ne manquera vraisemblablement pas de lui faire, ou bien si elle prendra le parti d'attacher son salut et sa sûreté aux Puissances maritimes et de se jeter tout-à-fait entre leurs bras; si elle abandonnera alors ses troupes à leur entière disposition contre des subsides, ou bien si elle voudra en limiter la destination; enfin, quels subsides ou autres avantages elle pensera à stipuler contre un pareil sacrifice.

17 ° Il ne s'appliquera pas moins à se former des idées justes sur les forces et les ressources du pays, jusqu'à quel point va l'affaiblissement que lui a causé la dernière guerre, quels remèdes on choisira et quels arrangements on prendra pour rétablir les finances et pour soutenir le crédit, si l'on congédiera une partie des troupes et surtout celles qu'on a levées durant la guerre, ou si l'on voudra en conserver du moins le pied, et de quels moyens on s'avisera pour pourvoir à leur entretien. Enfin, il portera son attention sur toutes les opérations qui se feront dans les différentes branches du gouvernement de la Saxe, soit par rapport au militaire ou au civil, de même que relativement au commerce et aux manufactures.1

18° Il ne négligera non plus de s'informer exactement de ce qui se passe à la cour, des intrigues qui s'y forment et de leurs succès, du degré du crédit qu'obtiennent ou conservent ceux qui aspirent à la confiance du maître, et particulièrement de celui de la Reine, du père Guarini et du comte de Brühl; en un mot, de tous les phénomènes



1 Von Podewils Hand ist in dem Concepte vermerkt: „Se. Königl. Majestät haben auf das Mundum mit eigner Hand bei diesem Articul gesetzet: C'est sur quoi je suis en état de lui donner autant de lumières qu'il en trouvera à Dresde.“